Chine
( octobre 2010)
J 10
Le Jardin du Maître des Filets - les portes sont circulaires (1/22)
Le Jardin du Maître des Filets : rochers aux formes particulièrement tortueuses (2/22)
Le Jardin du Maître des Filets - gravure donnant une vue d'ensemble (22/22)
Le Jardin du Maître des Filets - les portes sont circulaires (1/22)
Suhzou 苏州
Excursion à Suzhou, à une centaine de kilo-mètres à l'ouest de Shanghai. La partie histo-rique de la ville est réputée pour ses jardins chinois, de vrais chefs d'œuvre de cet art paysager. Ainsi, nous avons visité le jardin du Maître des Filets.
Suzhou est aussi célèbre depuis le 13ème siècle pour sa production de tissus en soie. Nous avons pu découvrir le processus de fabrication dans un atelier, qui s'est terminé par un petit défilé de mode ... chinoise ! Et bien sûr l'incon-tournable visite de la boutique ...
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Au bout de deux heures de route, nous arrivons à Suzhou, une ville de plus de 2 millions d'habitants, située sur le Yangzi Jiang au cœur d'un centre industriel en plein essor. Ce qui frappe lorsqu'on arrive vers le centre historique, c'est à la fois le trafic intense et l'absence du vacarme inhérent à un tel trafic. En effet, tous les vélos et cyclomoteurs, très nombreux, sont électriques ! et les voitures fonctionnent à l'essence, moins bruyant que le gazole. Henri nous explique que c'est le fruit d'une politique volontariste de la ville.
Créé en 1174 par Shi Zenghi, il a été reconfiguré au 18ème siècle par Sing Zong, fonctionnaire de la cour en retraite. Il se fit appeler "Maitre des Filets", c'est à dire pêcheur, afin de montrer son détachement face à la politique et son rapprochement de la nature.
Le jardin comporte 3 parties : à l'Est, une zone résidentielle (le lettré habitait le jardin), à l'Ouest, un jardin intérieur avec une cour occupée par un pavillon d'étude, et au centre, le jardin lui-même avec un étang entouré de pavillons et de kiosques. On perçoit bien les éléments fondamentaux des jardins chinois : l'eau, avec l'étang, et la montagne, avec les multiples rochers aux formes torturées et creusés de trous représentant les grottes.
On trouve dans le jardin une grande variété d'arbustes et de beaux arbres : grenadier, cerisier, prunus, un cyprès de plus de 900 ans ... De très beaux bonsaïs aussi, mais en revanche je n'ai pas vu de fleurs. Dans les jardins chinois, la ligne droite semble proscrite : les portes sont circulaires, les allées sont en zigzag, le sol est en relief ... tout n'est que courbe.
Plusieurs pavillons sont décorés avec du mobilier typique, en bois de pin de Corée. Chacun sa fonction : lire, méditer, écrire, étudier ... Ici ou là, des tableaux de peinture chinoise viennent agrémenter les murs. Partout, on se laisse surprendre par des perspectives inédites, qui font paraître ce monde miniature bien plus vaste qu'il ne l'est en réalité.
Suhzou, lieu de villégiature des fonctionnaires impériaux, comptait jadis 260 jardins privés.
Créés par des "lettrés", à la fois peintres et écrivains, ces jardins étaient un lieu de l’échange de l’homme avec lui-même, la nature se présentant comme la pierre angulaire de ce dialogue. Parmi la soixantaine qui subsis-tent encore, neuf d’entre eux sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Citons le Jardin du Modeste Administrateur, le Jardin du Couple Retiré, le Jardin de l'Harmonie, le jardin de la Montagne Etreinte de Beauté, le jardin de la Forêt du Lion, le Jardin du Maître des Filets...
C'est ce dernier que nous allons visiter. Il est parmi les plus petits, mais on dit que c'est le plus beau et le plus représentatif de l'art des jardins chinois.
Le jardin chinois
Un jardin chinois a pour objectif de rendre visible les traces du cosmos, représenté par le Yin et le Yang, un concept taoïste selon lequel l'harmonie naît et vit par la présence d'éléments opposés. Le Yin, ce sont les éléments naturels : l'eau, la pierre, la végétation ... Le Yang, ce sont les éléments artificiels : les pavillons, les murs, les portes, les ponts ... C'est à partir de la dynastie Tang que sont nés ces jardins miniatures qui condensent en un même lieu des lacs, des forêts, des montagnes.
Dans un jardin chinois, tout ne doit pas être perçu au premier coup d'œil : le regard doit sans cesse être surpris au détour d'une porte, d'un pont ... La montagne, représentée par des pierres aux formes étranges, et l'eau en sont les éléments incontournables.
Le jardin chinois se doit de respecter la nature et son concepteur met en oeuvre les principe du feng-shui pour déterminer l'emplacement des bâtiments. Car le jardin chinois était le lieu d'habitation du lettré qui l'avait crée, et comporte donc des pavil-lons et des kiosques, avec chacun sa fonction.
Suhzou est aussi une capitale de la soie, et nous nous rendons dans un atelier industriel, où on nous fait une démonstration de la fabrication de la soie. La technique de fabrication de la soie est très ancienne puisque connue en Chine dès 2.500 avant JC. Un secret que les Chinois ont su garder longtemps : la technique n'est arrivée en Europe qu'au Moyen Age.
Nous devons la soie (de culture) à un papillon, le bombyx du mûrier. Son élevage produit le ver à soie qui est en fait la chenille de la bestiole. Cette chenille se gave littéralement de feuilles de mûrier et sécrète une bave qui en durcissant se transforme en un fil de soie, avec lequel la chenille fabrique son cocon.
Fabrication de la soie
Première étape de la fabrication : le décoconnage. Une dizaine de jours après la fabrication des cocons, il sont enlevés de leur support et triés. On enlève la bourre qui a servi à leur fixation. Deuxième étape : l'étouffage. Les cocons sont mis dans des étuves à 70° puis trempés dans l'eau bouillante pour tuer la chrysalide sans abîmer le cocon.
On passe ensuite à la filature. Un cocon n'est fait que d'un seul fil ... encore faut-il le trouver ! Pour cela, on remue les cocons avec une sorte de petit balai pour trouver le fil. Celui-ci est alors accroché à la dévideuse, où on réunit plusieurs fils (car ils sont extrêmement fins) qui se soudent entre-eux grâce au grès, la séricine qui entoure le fil. Lors de cette étape de dévidage , les fils sont enroulés sur des dévidoirs, sous forme de "soie grège", c'est à dire à l'état brut, qui est elle-même enroulée sur des écheveaux.
On en arrive alors à la préparation du fil, qui comporte aussi plusieurs étapes : le moulinage pour tordre ensemble plusieurs fils de soie (plus le fil est tordu, plus l'étoffe sera souple) puis le décreusage pour éliminer le grès en faisant bouillir les écheveaux dans de l'eau savonneuse.
Processus de fabrication de la soie : première étape, le décoconnage (1/4)
Processus de fabrication de la soie : la filature (2/4)
Processus de fabrication de la soie : le métier à tisser (4/4)
Processus de fabrication de la soie : première étape, le décoconnage (1/4)
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Puis la soie est teinte, et enfin tissée. Elle est enroulée, sous forme de flotte, sur l'ourdissoir, un tambour permettant de monter les fils sur le métier. La soie est placée sur une cannette placée dans la navette, qui permet de tisser la trame du tissu.
Défilé de mode - tuniques en soie (1/5)
Défilé de mode - tuniques en soie (2/5)
Défilé de mode - tuniques en soie (5/5)
Défilé de mode - tuniques en soie (1/5)
Après la visite de l'atelier, nous sommes conviés à assister à un défilé de mode. De charmantes jeunes femmes font étalage de tuniques en soie. Les vêtements sont jolis et très colorés, les filles élégantes les mettent bien en valeur ... mais nous n'aurons droit à aucun sourire. De belles mais froides mécaniques que cela ne semble pas amuser de parader devant les touristes ! Mais après tout, les mannequins de nos défilés occidentaux n'ont pas le sourire plus facile ...
Pour finir, passage par la boutique. Les articles proposés sont plutôt jolis et semblent de bonne qualité. Tout le monde se laisse tenter, par une tunique, une veste, un chemisier, une cravate, un foulard ...
Les prix sont accessibles, mais ce n'est pas cadeau pour autant ...
Bon, ça permet de ramener plein de souvenirs et cadeaux (utiles pour une fois ...) sans mettre en péril le poids des valises pour le retour !
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