Ile Maurice
( mars 2020)
Château de Laboudonnais
C'est un incontournable de Maurice : le Domaine de Labourdonnais. Il faut notamment visiter le château, une très belle demaure coloniale construite au 19ème siècle par Christian Wiehe, un émigré danois devenu un des plus riches propriétaires sucriers de l'île. Le château avec son style et des meubles d'époque illustre bien le mode de vie de cette classe dominante.
Le jardin est magnifique aussi, et le verger mérite un coup d'oeil.
Sans le savoir, nous étions entrés dans le premier jour de confinement sur l'île Maurice ...
Le château de Labourdonnais
Nous empruntons la petite March pour aller visiter le Château de Labourdonnais, situé à Mapou dans le nord de l'île, pas très loin de Peyrebère où nous logeons. Nous voilà déjà arrivés, on entre par le premier portail qu'on aperçoit. Une allée nous mène à un petit parking, à proximité duquel on trouve une boutique style épicerie, un resto ... mais on ne voit pas bien comment accéder au château. On se renseigne, et en fait on est bien dans la Domaine de Labourdonnais , mais pour le château l'entrée est quelques centaines de mètres plus loin.
Les jardins du domaine
L'histoire du domaine
Nous y voilà. Après avoir payé le droit d'entrée, on se retrouve dans un grand parc, magnifiquement entretenu. Les arbres, immenses et majestueux, sont vraiment bien mis en valeur sur fond de gazon vert tendre, ça fait moins "fouillis" qu'au jardin botanique de Pamplemousse. Pour l'entretien, Il ya pas mal de personnel qui balaie, bine, tond ...
L'arrivée sur le château est magnifique : une longue allée, l’Allée des Intendances, s'ouvre sur la demeure coloniale précédée d'un bassin avec des jets d'eau. Les arbres de l'intendance, qui sont en fait des ficus microcarpa, forment une voûte ombragée ... ça fait très Louisiane...
Après la visite du château, on a pu se promener également dans le verger, qui offre une foison d'arbres fruitiers, dont beaucoup aux noms exotiques que je ne connais pas. bonnet d'évêque, rain tree, bilimbi (arbre à cornichons), arbre à pain, corossolier, faux mangoustan ... Le domaine dispose d'une cinquantaine de variétés de manguiers ... je ne savais même pas qu'il en existait tant !
Un petit train permet de visiter le domaine, mais il n'était pas en fonction ce jour là .... faute de touristes ?
Créé en 1774, le Domaine de Labourdonnais a surtout été développé à partir de 1856 lorsque Christian Wiehe a décidé de construire le château, une magnifique demeure coloniale pour abriter sa famille. Les Wiehe, une famille danoise qui s’est installée sur Maurice en 1792, était le principal propriétaire terrien et industriel du sucre du temps de Christian Wiehe, de la seconde génération.
Le château est toujours encore propriété de la famille Wiehe qui y a habité jusqu’à récemment. Entre 2006 et 2010, il a fait l’objet d’une profonde restauration et c’est aujourd’hui un musée qui se visite.
Mais le château n’est que la partie la plus visible du Domaine de Labourdonnais, qui est une exploitation agricole toujours exploitée et veut se diversifier : canne à sucre bien sûr et distillerie du rhum de la marque Labourdonnais, mais aussi des vergers avec une importante production fruitière, un restaurant gastro-nomique, une épicerie fine …
Un magnifique foodie ... le mâle est d'un rouge éclatant, la femelle d'un gris terne | Un foodie | |
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petite pause à l'ombre pour les jardiniers | ||
l'allée des intendances | ||
l'allée des intendances | jeux de lumière dans le parc | |
la distillerie Labourdonnais |
Le parc et les vergers du Domaine de Labourdonnais
Les extérieurs du château
Lorsqu'on arrive sur le château par l'allée des indépendances, on ne peut qu'être frappé par la majesté de cette demeure de style néo-classique, de taille imposante, mais néanmoins d'une grande finesse et d'un bel équilibre, grâce aux deux niveaux de varangues qui la ceinturent intégralement.
La varangue est un terme créole pour désigner une véranda en bois adossée à la maison et soutenue par des colonnes. Elle permet une transition douce entre l'intérieur et le jardin et surtout permet de bénéficier d'un endroit ombragé et bien aéré, très agréable dans l'île où le climat peut être chaud et étouffant. Au château de Labourdonnais, elle fait tout le tour et est équipée de plusieurs petits salons, ce qui permet de jouer avec la lumière et le soleil selon les moments de la journée.
Vue de la maison coloniale depuis l'allée des intendances | le bassin situé devant la demeure | l'entrée de la demeure |
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Détail des balustrades ouvragées | petit salon sous la varangue | A l'ombre de la varangue |
Escalier hélicoïdal donnant accès à l'étage | Détail de l'escalier hélicoïdal | L'étage est aussi entouré d'une varangue |
L'imposante demeure coloniale |
Les extérieurs de la demeure coloniale
L'intérieur du château
Nous montons maintenant le large escalier encadré par deux lions (!) pour visiter le château. Curieux, dans ce lieu emblématique de Maurice en général très visité, on est absolument seuls ! Juste trois françaises qui nous accostent : comme nous, elles logent en famille et ont entendu parler du confinement en France pour cause de coronavirus, et s'inquiètent de leur vol retour. On discuteun peu pout partager nos incertitudes ... on verra bien le moment venu.
Classiquement, le rez-de-chaussée est dédié aux pièces à vivre, l'étage étant réservé aux chambres. Rien que le hall d'entrée impressionne : il est traversant sur le jardin à l'arrière et son parquet en marqueterie est magnifique. Les vitres sont gravées avec des dessins d'oiseaux et les initiales du propriétaire.
La salle à manger est impressionnante : un beau parquet sombre et lustré, et surtout de monumentales tapisseries murales représentant un décor panoramique sur 360°. Scènes très bucoliques de forêts parsemées de cervidés. Pour la petite histoire, ces papiers peints ont été réalisés par la manufacture alsacienne (cocorico ...) de Jean Zuber en 1906 sur une commande du petit-fils de Christian Wiehe. Le mobilier, fabriqué en Angleterre, est en acajou bien brillant. Tout le mobilier de la maison est d'époque. La très grande table pouvait accueillir jusqu'à 30 couverts ... la famille était nombreuse et les invités fréquents, comme le veut l'hospitalité mauricienne. Buffet et dessertes complètent le mobilier. Le lustre en cristal de Baccarat n'est pas celui d'origine : ce dernier était gigantesque et assorti à celui du hall, mais un jour il s'est décroché et est tombé sur la table ! Il fut remplacé par une lampe à pétrole, jusqu'à ce qu'on retrouve en 1962 dans des cartons le lustre actuel acheté ... aux enchères !
Une autre pièce servait d'office et abritait vaisselle, argenterie, linge de maison, garde-manger et toutes sortes d'objets utiles. En créole, l'office est appelé godon (de l'anglais "go down", car il donne accès à une cave où sont stockés vins et denrées non périssables. La cuisine elle-même était une petite maison à l'extérieur ... par crainte du feu. L'office servait de relais pour le service entre la cuisine et la salle à manger.
Le salon est équipé de chaises et d'un canapé tout de blanc revêtus autour d'une table basse. Plus loin, le bureau-bibliothèque est le coin de travail du maître de maison pour gérer son domaine. Un endroit très cosy, avec du mobilier très adapté à un espace de travail, comme ce bureau demi-lune. Le salon de Christian Wiehe était vraiment fait pour recevoir, avec ses meubles en bois de palissandre très sombre. Ce sont des copies conformes de mobilier Napoléon III ... mais personnalisés à ses initiales !
La salle à manger | Le parquet de l'entrée | Les tapisseries murales |
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Les tapisseries murales | Les tapisseries murales | Vaisselier |
Vaisselier | Porcelaine fine | Salon |
Salon | Salon | Cabinet de travail |
Cabinet de travail | Cabinet de travail | Chambre à coucher |
Chambre à coucher |
Le château de Labourdonnais
Tout dans cette maison indique que Christain Wiehe était un homme de goût, qui ne manquait pas de moyens non plus. Il savait dénicher ce qu'il y avait de mieux pour les meubles, papiers peints, lustres, vaisselle, éléments de décor ... en faisant appel aux meilleurs fabricants d'Europe. Il dessinait lui-même des esquisses pour personnaliser les éléments. Tout cela à une époque où il n'a avait pas de téléphone, pas d'internet ni aucun de nos moyens de communication modernes : tout par bateau ... les échanges devaient être très longs et pourtant la maison a été construite dans un temps assez court. Des panonceaux explicatifs fournissent d'ailleurs bon nombre d'anecdotes intéressants sur la vie de meubles et objets.
En tous cas, ce château illustre parfaitement ce qu'était au 19ème siècle la vie des aristocrates du sucre à Maurice. A l'étage, où se trouvent les chambres, un petit espace permet de regarder une vidéo où est montrée la rénovation de la demeure : ça a dû être un travail de titan, où sont intervenus plusieurs experts et hommes (ou femmes) de l'art français.
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Après la visite du château , nous tournons un bon moment dans les jolis vergers, passons devant la distillerie (qui ne se visite pas), faisons un tour dans la boutique (de belles choses, mais chères). Il n'y avait aucun client ... mais huit vendeuses ! Pareil pour le restaurant gastronomique ... il était pourtant midi passé.
On s'est dit : tiens, on pourrait manger au petit resto aperçu lors de notre arrivée sur le domaine. Mais en y arrivant, un panneau marqué à la craie indique qu'il ne fait que de la vente à emporter ... bizarre bizarre !
Bon, on reprend la route. On essaye de trouver un resto à Poudre d'Or (joli nom), mais rien. Tant pis, on va à Goodlands. Pas vraiment de petit resto non plus, alors on s'arrête dans la rue principale pour déjeuner sur le pouce au stand d'une Mauricienne. C'était local, bon et à un prix dérisoire : 100 roupies, soit 2,50 € pour deux ! On se promène un peu dans la ville, bourg typique de Maurice sans rien à voir, puis on se rentre tranquillement vers Peyrebère. Arrêt à une belle plage ... complètement déserte ! Mais où sont passés les touristes ? Bon faut dire que pour se baigner, c'est dur : après 500 mètres de marche vers le large, on a tout juste mouillé les cuisses.
Dans les derniers kilomètres nous arrive une mésaventure : pour éviter une voiture en face qui double, je serre trop la gauche ... et paf la roue avant se plante dans un énorme trou (le goudron est environ 20 cm au-dessus du bas-côté ici). On checke... la voiture semble rouler encore normalement jusqu'à la maison ... mais le lendemain on s'aperçoit que la roue était crevée ! Faut dire que la conduite des mauriciens s'apprivoise : ici tout le monde s'arrête sur la route n'importe comment (pour aller dans une boutique, déposer quelqu'un, discuter avec une connaissance). Et la voiture qui suit déboîte ... c'est à celui qui vient en face de faire attention. Bon, une fois qu'on le sait ...
Et c'est le soir en rentrant que Lionel nous apprend qu'aujourd'hui est le premier jour de confinement à Maurice : l'info a été publiée sur le site FaceBook du gouvernement .... sauf que nous on n'en savait rien ! ça explique qu'il n'y avait aucun touriste en goguette.
Même à Goodlands, où il y avait beaucoup de locaux dehors, on s'était étonné du nombre de rideaux baissés chez les commerçants ...