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Chine

( octobre 2010)

J 3

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La Grande Muraille   長城

La journée commence par la visite d'une fabrique de "cloisonnés", ces très jolis vases (ou autre objets) émaillés avec des couleurs d'une subtile transparence.  

Puis nous arrivons à Badaling pour découvrir un monument emblématique de la Chine : la Grande Muraille, dont on dit qu'elle se voit depuis la lune ... mais c'est une légende ! Et nous avons marché sur la muraille, en même temps que des milliers de touristes chinois. Un édifice vraiment impressionnant par sa longueur : plus de 6 000 kilomètres épousant le relief, assez montagneux  à cet endroit.

​Nous nous extirpons de Beijing et son intense circulation pour rejoindre Badaling, à environ 60 km au nord-ouest de la capitale. En cours de route, nous faisons un arrêt pour visiter une fabrique de "cloisonnés". Nous entrons dans un atelier, où une vingtaine d'ouvrières, des jeunes filles, sont alignées le long de tables. Sur ces tables s'étalent des bols contenant des peintures de toutes les couleurs. Elles sont penchées avec beaucoup de concentration sur des vases ... les fameux cloisonnés. Mais qu'ont-ils de particulier ?

​​Les Cloisonnés

 

Sous cette appellation se cache  une technique de fabrication de vases, bijoux et toutes sortes d'objets de décoration en émail. Un objet ainsi réalisé est appelé "cloisonné".

Comment ça marche ?

Tout d'abord, on modèle une plaque de cuivre pour lui donner la forme désirée, par exemple un vase. Puis, avec une pincette, on y appose des fils ou des bandes de cuivre, qu'on colle sur le fond. Ce sont ces fils qui vont constituer les traits du dessin : c'est le "cloisonnage".

Ensuite, on remplit les alvéoles formées par les cloisons de pâte d'émail de différentes couleurs à l'aide d'une espèce de plume. Le vase est alors cuit dans un four, plusieurs cuissons étant nécessaires, car les différents colorants ne fondent pas à le même température.  

Enfin, le travail est fini par un long polissage avec une pierre meulière et du charbon de bois, pour bien araser l'émail et les fils de cuivre et donner une finition parfaite .

Voilà, c'est terminé : l'artiste (car c'en est un) a réalisé un objet alliant l'éclat du métal et la brillance profonde de l'émail ... magnifique !

Vase en cloisonné

​Imperturbables au milieu des touristes qui s'agglutinent, papotent, les photographient, les filment, essayent de les interroger, les jeunes filles poursuivent leur travail de précision. Car c'est vraiment de la haute précision que de coller les fils de cuivre très fins en suivant le dessin prévu qui est d'une extrême finesse. Du vrai travail d'artiste ! Et il ne faut pas être manchot non plus pour remplir les petites alvéoles avec  la poudre d'émail....

En tous cas le résulat est superbe, et la boutique dont est bien entendu équipée la fabrique recèle de très jolis objets. Pour certains, les prix dépassent allègrement les 10.000 €. Par exemple, le vase de la photo ci-dessus vaut 21.500 yuans, soit environ 2.000 €.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la technique du cloisonné n'est pas née en Chine, mais  en Europe, dans le bassin méditerrannéen, d'où elle a été importée par des marchands arméniens et arabes au 13ème siècle sous la dynastie des Yuan. Après avoir failli disparaître au début du 20ème siècle, l'art du cloisonné est à nouveau bien présent et s'est perfectionné, avec notamment beaucoup de nouveaux colorants, permettant des nuances de plus en plus subtiles. Au-delà des objets de décoration, la technique s'est étendue à des objets de la vie courante.

Allez, en route pour Badaling et la "grande muraille" . Plus on approche, plus la circulation se fait dense ... on n'est pas les seuls !

​La Grande Muraille de Chine (Chángchéng en chinois) est née du besoin irrépressible de  l'homme de dresser un obstacle entre lui et une quelconque menace. Ainsi, pour marquer et défendre leur frontière nord, les Chinois ont construit le «Mur de dix mille Li », nom donné sous le premier empereur (un Li étant une unité de mesure d'environ 500 mètres). Compte tenu des ramifications et des courbures qui suivent le relief, la Muraille de Chine mesure 6 700 km, sur une distance de 2 700 km à vol d'oiseau. Les derniers relevés, incluant les parties détruites ou enfouies, font même état d'une longueur totale de 22 000 km ...

La Grande Muraille à Badaling
L'histoire du "Mur de dix mille Li"

Sa construction a connu plusieurs étapes. Dès l'époque des Printemps et des Automnes (770-476 avant JC) mais surtout durant l'époque des Royaumes Combattants (475 - 221 avant JC), les principautés du nord de la Chine construisent des murs défensifs, souvent le long des rivières, pour se protéger des barbares du nord ... voire les uns des autres !

Puis une fois Chine unifiée , le premier empereur, Qin Shi Huangdi (celui du tombeau aux 8000 soldats en argile grandeur nature) va relier les tronçons existants et les consolider (221 - 206 avant JC). La dynastie Han va prolonger la construction de la muraille vers l'ouest, jusqu'à la province de Gansu, sa longueur approchant  alors les 10 000 km !

Ensuite, les différentes dynasties au pouvoir vont encore faire évoluer la grande muraille, en la fortifiant ou en construisant des ramifications, notamment pour faire face au danger représenté par les Mongols ou les Tibétains.

un monde fou sur la muraille !

​Ces quelques explications faites, nous entamons la visite. Curieusement, vers un côté la muraille semble déserte, alors que vers l'autre il y a pas mal de monde. En bons moutons de Panurge, nous allons évidemment du côté le plus animé, en se disant que s'il y a tant de monde, ça doit être plus intéressant ...

Et on va le regretter, car la très grande majorité des touristes sont chinois, et les chinois, peu altruistes (c'est peu dire !), ont une conception assez personnelle du respect de l'autre ! Ainsi par exemple, pour traverser les tours de défense, on passe par une petite porte qui ne permet que difficilement le passage à deux de front. Au début, gentils occidentaux, on s'efface pour laisser passer le flux en sens contraire .... qui n'arrête pas ! Au bout de deux minutes, on se dit, allez, on y va, en se mettant de profil et en rasant les murs pour ne pas prendre trop de place... et on se fait littéralement marcher dessus ! Pour la tour suivante, on a compris, on adopte la technique chinoise : épaule gauche en premier, coudes en avant, et surtout pas d'interstice avec celui qui précède : c'est brutal et rugueux ... mais ça passe bien mieux ! Autre exemple du sans-gêne chinois : Hélène se poste au bord du chemin de ronde pour une photo, je recule de 2 mètres ... et une famille chinoise se place entre nous pour la même photo ! puis une autre ... là c'est est trop pour Hélène qui les apostrophe vertement ... ils n'ont pas dû comprendre les gros mots en français, mais ont saisi le ton de la voix !

​Le tracé de la grande muraille est tout sauf rectiligne, car il exploite au mieux les obstacles naturels, comme les rivières et les montagnes, pour la rendre encore plus inaccessible à des assaillants. La grande muraille a joué un rôle militaire mais aussi économique. En effet, le nord était faiblement peuplé et la protection de la muraille a attiré des paysans pour cultiver les terres à l'abri. Le développement économique de ces régions a également été favorisé par les garnisons stationnées le long de la muraille et les ouvriers chargées de la construire. En effet, l'édification de cet ensemble colossal a nécessité une immense quantité de main d'oeuvre ; soldats mais aussi prisonniers ont été enrôlés, et les conditions de travail très dures firent des millions de morts !

​Bon, à part cela, l'endroit est impressionnant : la muraille, dont les murs crénelés se détachent en dentelle sur le ciel bleu, serpente majestueuse-ment à travers les montagnes et leur végétation verte et rouge (c'est l'automne)... c'est beau !

Lorsqu'on visite le grande muraille, on emprunte le  chemin de ronde, continu et crénelé. Large d'en-viron 5 mètres, il devait laisser le passage de cinq chevaux de front. Le sol est dallé, et par endroit, la pente est rude, et des escaliers facilitent l'escalade.

La Grande Muraille à Badaling

​Le chemin de ronde forme le dessus de la muraille qui est haute de 7 à 8 mètres. Ici, la muraille est en pierres, mais les matériaux utilisés sont fonction de la région : parfois c'est de la brique ou de la terre battue, voire du roseau dans le désert de Gobi.

Tous les cent mètres environ, le chemin de ronde est coupé par une tour de défense carrée, haute d'une quinzaine de mètres. Elles étaient habitées par 4 soldats, avec femme et enfants.

Le dispositif de défense intégrait aussi des tours d'alarme, distantes d'une vingtaine de kilomètres et situées sur les crêtes, de part et d'autre de la muraille. Elles avaient pour rôle de prévenir en cas de danger, mais aussi de propager une information d'un bout à l'autre de la Chine en allumant des feux. 

Enfin, la muraille de Chine était percée d'un certain nombre de passes, situées à des endroits stratégiques. Elles servaient à filtrer les flux migratoires et faisaient office de poste de douane.

Le tronçon de la muraille qui se visite à Badaling est bien conservée, mais ce n'est pas le cas de l'ensemble de l'édifice, et à bon nombre d'endroits elle est plutôt en ruines.

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