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Etats-Unis Ouest

( octobre 2011)

   J 5

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Monument Valley
  

​C'est à bord d'un gros pick-up piloté par un Navajo que nous visitons ce site particulièrement spectaculaire et magnifié par les westerns, avec ses mesas, ses buttes et ses spires de grès rouge qui émergent du désert sablonneux.

A midi, déjeuner barbecue à l'ombre d'une mesa, cuisiné par des indiens Navajo.

Après une dernière halte au célèbre John Ford Point, nous repartons vers le Lake Powell, gigan-tesque lac artificiel qui permet de réguler le cours du Colorado.

Enfin, dîner dans une ambiance western à Kanab avec en prime le tournage d'un film ... pour rire  

​Après un dernier regard sur le site extraordinaire du Grand Canyon, nous faisons route vers Monument Valley. US 180 jusqu'à Cameron, puis la US 89 avant de tourner sur la US 160 ... les routes sont rectilignes, et sortis de la forêt de Kaibab, le paysage est plat et monotone dans son aridité. Chris, notre accompagnateur en profite pour nous raconter longuement l'histoire des Navajos, les "natives" des lieux. Et il met beaucoup de cœur et d'émotion à cette narration, sans occulter le rôle pas toujours glorieux de l'état américain. De chaleureux applaudissements viennent ponctuer le récit.

​​Les indiens Navajos

A l'origine, la région était peuplée d'indiens nomades des tribus Utes ou Païutes . Il y a environ 2000 ans se sont installés les Anasazis Kayenta, un peuple d'éleveurs qui ne résistera pas aux périodes de sècheresse. Les premiers Navajos, venus du Canada, arrivent au 16ème siècle  pour vivre de chasse et d'élevage. Au 18ème siècle, l'arrivée des Espagnols créé de nombreux conflits et les Navajos sont vite réduits à l'esclavage. Au 19ème siècle, c'est au tour de l'armée américaine, menée par Kit Carson, d'engager les combats contre les Navajos. Ceux-ci sont déportés au Nouveau Mexique, à l'issue de la tragique "longue marche" vers Bosque Redondo. Ce fut un échec, car l'état américain ne leur avait pas donné les moyens d'y vivre. Cinq ans plus tard, un traité créé une réserve qui permet aux indiens Navajo de regagner la terre de leurs ancêtres.

​Les Navajos sont aujourd'hui près de 200 000. Tout en respectant leurs coutumes ancestrales (bon nombre d'entre eux habitent toujours des hogans, leur habitat traditionnel), ils ont su s'adapter à leur nouvel environnement : en plus de l'élevage, ils travaillent dans l'exploitation minière (uranium) et surtout tirent profit de l'industrie des jeux de hasard et du tourisme.

​Nous entrons dans Monument Valley par l'inévitable Visitors Center. Ce n'est d'ailleurs pas un parc national : il est géré par le conseil tribal Navajo. Ainsi, les droits d'entrée vont aux Navajos, qui sont aussi les guides et ont la main mise sur l'hôtellerie, sans oublier les innombrables boutiques d'artisanat indien. Et c'est juchés sur un gros pick-up GMC, dont l'arrière est aménagé pour recevoir une dizaine de passagers, que nous empruntons le Valley Drive. Cette piste peut aussi s'utiliser avec les véhicules personnels. Mais il faut une garde au sol importante et des amortisseurs en bon état : les ornières et nids de poule sont gigantesques. D'ailleurs, les loueurs de camping-car interdisent à leurs clients l'accès à la piste. Bien entendu, ceux-ci s'en moquent, mais ça leur coûte cher : des Navajos tranquillement installés à l'entrée prennent en photo le touriste contrevenant et envoient de leur i-phone le cliché au loueur ... qui réclame un gros supplément à la restitution du camping car, dont une partie file dans la poche du Navajo. Ceux-ci défendent leur commerce de visite guidée du site ...

​Lorsqu'on pénètre dans Monument Valley, on a inévitablement une pensée pour les western, ou encore la pub Marlboro. Pour la petite histoire, c'est un nommé Harry Goulding (qui a d'ailleurs donné son nom à une ville) qui a su convaincre en 1938 le réalisateur John Ford de tourner un premier film dans ce décor de rêve : Stagecoach (la Chevauchée Fantastique) avec John Wayne. Ce fut le début d'une longue série de films, western bien sûr, mais d'autres genres aussi comme Forest Gump, Retour vers le Futur ou 2001, l'Odyssée de l'Espace ...

Monument Valley est vraiment l'emblème de l'Ouest Américain, du wild wild west. Cette terre rouge avec ces spectaculaires excroissances qui se détachent sur un ciel d'un bleu infiniment pur  ... c'est beau, c'est très beau !

​Situé à cheval sur l'Arizona et l'Utah, Monument Valley était à l'origine un vaste plateau qui s'est progressivement érodé, lais-sant des monolithes  de grès plus dur émerger de la plaine sablonneuse. Les plus grandes formations sont des "mesas" (table en espagnol), dont le sommet est plane et horizontal. Lorsqu'une mesa s'érode, il peut s'en détacher une formation plus petite, appelée "butte" : c'est une espèce de cylindre, plat sur le dessus et dont la base s'évase. Enfin, si l'érosion va un cran plus loin, elle créé des "spires" (ou "monument" en anglais, d'où le nom des lieux), des aiguilles de grès très fines, dont la verticalité renforce l'aspect fragile.

C'est ainsi qu'on découvre les Mitten Buttes (les mitaines) appelées ainsi car elles ressemblent à une main gantée avec un pouce, Merrick Butte, the three Sisters (les trois sœurs), trois spire voisines, Elephant Butte ... Les couleurs sont très particulières, avec les rouges issu de l'oxyde de fer et les tonalités bleu-gris provenant de l'oxyde de manganèse. En voyant la vallée où une rare herbe verdâtre parsème le sable ocre, on imagine sans peine un cavalier au galop ou une diligence dans la poussière ... et quelques indiens pour compléter le tableau.  

​Pour le déjeuner, nous sommes les "invités" des Navajos. Steack grillé au barbecue (un peu fin et trop cuit à mon goût), pomme de terres genre patatoes et haricots rouges (excellents au demeurant).  Les Navajos ne sont pas très bavards et il est difficile d'engager la conversation.

Pourtant, les touristes français ne doivent pas manquer, car au moment de repartir, notre pilote nous lance un tonitruant "en voiture, Simone" qui sera ponctué d'un joli "roule, ma poule" au moment de relancer la machine ! Là, quand, même notre Navajo se marre en voyant nos têtes ... Il s'humanise, c'est bientôt l'heure du pourboire. Car de cahot en cahot, nous retournons au Visitors Center.

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​Nous repartons en bus pour rejoindre un autre point de vue célèbre : le John Ford Point. ​Et en effet, ça vaut le coup d'oeil, avec une belle vue sur les Mitten Butte. Les Navajos ne perdent pas de vue le commerce : moyennant quelques dollars, on peut se faire photographier sur un cheval au bord d'un promontoire qui donne l'impression d'être seul au monde ... I'm a poor lonsome cow-boy, dirait Lucky Luke !

Tout au long du parking où les bus sont nombreux, des boutiques de bijoux indiens ou de poteries ... là ça devient un peu trop  !

​Nous rebroussons chemin sur la US 163 pour nous rendre au Lake Powell, du nom de John Wesley Powell, qui fut le premier à descendre le Colorado jusqu'au Pacifique. Le Lake Powel est un gigantesque lac artificiel sur le Colorado. Nous nous arrêtons au barrage de Glen Canyon qui régule la retenue du lac. Long de 300 km, le rivage du lac est extrêmement découpé : la longueur totale de ses rivages dépasse 3.000 km. On y trouve de nombreux canyons, des ruines indiennes et des formations rocheuses dont le célèbre Rainbow Bridge. Mais ... nous n'avons pas vu tout cela, étant resté au niveau du barrage, tandis que quelques membres du groupe effectuaient un survol du Lake Powell. De superbes paysages, au vu des photos qu'ils nous ont montrées : des roches rouges, ocres et blanches qui se détachent sur les eaux bleues du lac ...

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​Quelques mots sur le fleuve Colorado. Lui et ses affluents prennent leur vitalité dans les Montagnes Rocheuses, et pas moins de 7 états dépendent de son cours pour leur approvisionnement en eau, dont la Californie, le plus peuplé et le plus agricole.  Des lacs de retenues géants, comme le Lake Powell, mais aussi le Lake Mead ont été mis en œuvre réguler son cours.

Mais le débit du fleuve est en train de baisser inexorablement : il en a perdu un tiers en 10 ans. Le niveau d'eau des lacs baisse de manière très visible, comme en témoignent les marques blanches sur les roches du rivage. La cause de cet assèchement : des prélèvements excessifs, pour l'irrigation des terres agricoles mais aussi la consommation croissante des populations. Ainsi, une ville comme Las Vegas, construite en plein désert, est un parfait exemple de ce gaspillage d'une ressource de plus en plus rare. Ses 40 millions de visiteurs par an consomment sans compter, les hôtels démesurés rivalisent de jeux d'eau, et les 2 millions d'habitants ne conçoivent pas leur villa sans gazon bien vert ni piscine. Sans compter la soixantaine de golfs .... Le Colorado est sans doute un des rares fleuves qui n'atteint jamais la mer : son delta, situé au Mexique, est quasiment à sec !  Tous ne sont visiblement pas égaux quand il s'agit de partager les eaux du fleuve ...

Nous passons la nuit à Kanab, appelée "little Hollywood", car de nombreux western y ont été tournés. Et la petite cité cultive cette histoire : un peu partout des ranches, saloons, diligences et des animations en rapport avec le monde des western ... Ainsi nous dînons dans un restaurant où avant de passer à table, les convives "tournent" un épisode de l'attaque d'une diligence par les indiens. D'abord, on se déguise : veste à franges, chapeau de cowboy, plumes d'indien, pistolet ou carabine pour les uns, tomohawk pour les autres, manche à balai surmontés d'une tête de cheval en guise de monture... Puis sous les injonctions d'un metteur en scène fou, chacun joue son rôle : on hurle, on tire, on galope, on attaque, on meurt de manière théâtrale ... bref, belle séquence de rigolade ... évidemment photographiée avec vente des clichés à la sortie, business is business !

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