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Pérou

Bolivie

Pérou - Bolivie  

( juin 2009 )

Jatun Yampara - Sucre

Nous quittons Potosi pour rejoindre Sucre, 1.200 mètres plus bas, par une route de montagne le long du Rio Pilcomayo.

Une  bonne partie de la journée est passée avec les indiens d'une communauté Yampara dans le village de Jatun.  Une intéressante immersion dans le quotidien de ces gens certes pauvres, mais fiers de partager avec des visiteurs leur mode de vie ancestral qui semble figé dans le temps.

Enfin, retour à Sucre pour une première découverte de la ville blanche et la visite de l'église St Philippe de Neri.

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Entre Potosi et Sucre, il y a 165 km et une vraie route ! Pour autant ce n'est pas une autoroute : c'est plutôt une route de montagne avec nombre de virages, que Juan Carlos qualifie de "route de la mort" car elle est très accidentogène. Et en effet, quand on voit les camions lourdement chargés se lancer dans la descente, ou les (rares) voitures dépasser sans visibilité, on ne s'étonne pas ... Même si la "vraie" route de la mort n'est pas ici mais entre La Paz et Coroico. Notre route longe le Rio Pilcomayo, dont le cours paresseux se love entre les bancs de sable (c'est la saison sèche). Petit arrêt pour admirer un joli pont suspendu qui permettait à l'ancienne route de traverser le rio. Il est assez particulier, avec ses tours crénelées à chaque extrémité.

A Sucre, juste le temps de poser les bagages à l'hôtel, et nous repartons, direction le village de Jatun Yampara, où vit une communauté d'indiens Yampara. Ils accueillent volontiers des visiteurs et leur font partager leur culture et leur manière de vivre.  Nous nous attendions un peu à trouver une espèce d'écomusée où des autochtones costumés pour l'occasion répétent inlassa-blement les mêmes tranches de vie pour le plaisir des touristes (un peu comme au lac Titicaca). Et en fait, non : les Yamparas mènent simplement leur vie de tous les jours, cultivant la terre, faisant la cuisine, élevant des lames, tissant la laine ...  Nous avons rencontré des gens authentiques, souriants, ouverts  ; on lisait dans leurs yeux la fierté de répondre à nos questions, Juan Carlos se chargeant de la traduction.  Bon, évidement, le tourisme est devenu pour eux une source de revenus non négligeable. Mais ce qui est agréable, c'est qu'ils n'ont rien à vendre aux touristes. 

​​La Pachamama

Pachamama signifie littéralement "Terre Mère" en quechua. C'est la plus importante divinité des peuples andins, car au-delà d'offrir sa protection, elle représente la fertilité, l'abondance, la féminité ...  ce qui la rend très populaire pour les indiens qui trouvent leurs ressources dans la terre. Ils vénèrent la Pachamama à travers des offrandes : fruits, céréales, épices, alcool ... Elles sont déposées sur l'apxata, la table des offrandes, ou encore enfouies dans un trou creusé dans le terre : la boca (la bouche). Les indiens aymara ont coutume d'offrir un foetus de lama, qu'ils enterrent sous la maison en construction ou dans les champs, pour s'attirer ses grâces.

Un autre rituel andin, la challa,  est une cérémonie basée sur la réciprocité avec les dieux et en particulier avec la Pachamama. On arrose la terre ou d'autres biens avec de l'alcool et des pétales de fleur, et on enterre des biens (patates, cigarettes, coca ...) pour alimenter la pachamama. On en profite pour boire, manger, danser ...Le mois d'août est crucial pour vénérer la Pachamama : c'est le moment des semences.

Le déjeuner est préparé par des femmes Yampara en plein air, sur un âtre rudimentaire entre des pierres, où elles réalisent des espèces de galettes.  Ne me demande pas de quoi il s'agissait, mais c'était plutôt bon. L'après-midi, on se promène dans le village, entre les maisons en pierre avec leur toit de chaume. L'intérieur est plutôt spartiate ! Les alentours sont occupés par les champs dont les Yamparas tirent leur subsistance. Ici, tout se fait à la main ... dans cette région très agricole, nous n'avons vu depuis le départ de Sucre ce matin aucun tracteur ou autre appareil mécanique. L'union fait la force : les paysans semblent s'entre-aider pour les travaux des champs. Des lamas domestiques broutent paisiblement les maigres herbes jaunes brûlées par le soleil.

Le christianisme étant passé par là, Jatun compte aussi une petite chapelle. Nous avons eu l'occasion de goûter la chicha, la bière de maïs locale. Pour cela, nous nous rendons dans une maison qui fait office de bistrot, la chicheria. C'est tout petit et notre groupe ne tient pas en entier dans le local. Un décor simple : une espèce de bar au fond, un banc de chaque côté, et des jarres contenant la chicha. La première gorgée doit être versée sur le sol, en offrande à la Pachamama. On goûte ... bof ! c'est fermenté, mais ne ressemble pas trop à de la bière. Servi à température ambiante (donc tiède), le goût de la chicha est assez indéfinissable. 

La communauté a réalisé un petit musée avec les vête-ments typiques de la culture Yampara. Les femmes nous font visiter un atelier de transformation de la fibre de lama. On y voit notamment les indiennes Yampara tisser de superbes étoffes, avec des motifs très comple-xes et des couleurs chatoyantes dans les tons rouges, oranges, jaunes, bleus, violets et noirs.

Ce sont aussi les couleurs du wiphala, la drapeau arc-en-ciel des indiens boliviens, qui flotte sur le village de Jatun Yampara. Il a la particularité de se  présenter sous forme de damier, avec les strates de couleur position-nées  en diagonale. Le rouge est la couleur de la terre, de la Pachamama... Plus loin, un atelier de céramique donne un aperçu des techniques indiennes.​

​Retour à Sucre en fin d'après-midi, pour une découverte pédestre du centre historique et de ses ruelles. C'est la fin de la journée, mais la température est plus bien plus douce qu'à Potosi. La ville est agréable, harmonieuse, avec de nombreuses petites places, des jardins ... et pas mal d'églises.  

Nous visitons l'église de l'ordre de Saint Philippe de Neri, qui abrite aujourd'hui une école privée pour filles tenue par des religieuses. La nef unique, avec une coupole sur le chœur, porte déjà l’empreinte du style néo-classique. La façade est couronnée par deux tours octogonales réunies  par une arcade. Le cloître donne sur un patio, qu'il ceinture par deux étages d'arcades en plein cintre reposant sur les piliers massifs. La nef de l'église et le cloître sont couverts d'une terrasse sur laquelle on peut déambuler et profiter du panorama sur Sucre, la ville blanche bien nommée.

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