Pérou
Bolivie
Pérou - Bolivie
( juin 2009 )
Marché des mineurs : tout l'attirail du mineur ... pioches, casques, brouettes (1/39)
Marché des mineurs : Juan Carlos achète quelques bâtons de dynamite, en vente libre ... ce sont les outils de travail du mineur (2/39)
L'Eglise San Lorenzo la nuit (39/39)
Marché des mineurs : tout l'attirail du mineur ... pioches, casques, brouettes (1/39)
Potosi
Après un passage par le marché des mineurs et un typique marché local, nous revêtons une tenue adpatée pour visiter une mine d'argent, où nous faisons l'offrande à El Tio. La péni-bilité du travail des mineurs et la pauvreté de leur famille nous saute à la figure.
L'après-midi, visite de Potosi, ses ruelles, ses maisons coloniales. Visite de la Casa Real de la Moneda, de l'église San Lorenzo et de l'église San Francisco et son couvent, dont les toits offrent une vue imprenable sur la ville et le Cerro Rico, la montagne qui concentre les mines, dans un paysage aride et minéral.
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Aujourdhui, grasse matinée ... jusqu'à 7 heures. Le but de ce matin est de visiter une mine d'argent. Car Potosi est vraiment la cité de l'argent. Avec 160.000 habitants, Potosi est à 4.070 mètres d'altitude la plus haute ville du monde de cette taille (plus haut que Lhassa, capitale du Tibet). Elle est dominée par le Cerro Rico, un sommet conique qui atteint 4.830 mètres (plus que le Mont-Blanc)
Nous commençons par faire un tour au marché des mineurs, où ceux-ci trouvent tout le nécessaire pour leur travail : pioches, carbure pour les lampes, dynamite (en vente libre ...), flasques d'alcool (à 87° !) et surtout feuilles de coca. Mâchonnées sous forme de chique, elles aident à supporter l'altitude et sont aussi des coupe-faim. Nous achetons quelques bâtons de dynamite et des feuilles de coca, pour les offrir aux mineurs.
Juste à côté, un marché local offre l'occasion d'une immersion dans la vie quotidienne des indiens de Potosi. Les paysannes engon-cées dans un poncho vendent leurs quelques légumes (elles détestent être photographiées ... de peur que l'appareil photo prenne leur esprit) ; des étals de viande et de produits tripiers indéfinissables mettent au défi notre conception de l'hygiène.
Les mines de Potosi
La découverte d'un filon d'argent en 1545 a marqué le début de l'aventure minière de Potosi. Les espagnols ont vite flairé le bon filon (!) et ont entrepris l'extraction massive de l'argent, qui a fait leur richesse. Le roi d'Espagne touchait 20% de l'argent de Potosi. Il fit de Potosi une ville impériale, qui connut un essor fulgurant et compta jusqu'à 180.000 habitants. Mais les conditions de travail étaient particulièrement abominables, et causèrent la mort de plus de 5 millions de personnes ! La loi de la mita obligeait les indiens (et aussi des esclaves africains) à travailler (gratuitement) plus de 12 h par jour en restant 4 mois au fond de la mine ...
Au 19ème siècle, la Bolivie devient indépendante, mais les veines d'argent s'épuisent et la population de Potosi tombe sous les 10.000 habitants. D'autres métaux, comme l'étain, puis le zinc, prennent le relais et apportent un regain d'intérêt. Aujourd'hui, si les mines d'état ont été fermées, il en reste plus d'une centaine exploitées sous forme de coopérative ... dans des conditions toujours très pénibles.
Vient le moment de se rendre dans la mine. Mais avant, il nous faut revêtir une tenue adéquate : blouson et pantalon en fibre plastique, bottes, casque, lampe frontale ... tranche de grosse rigolade lors de la séance d'essayage dans une maison de la coopé-rative. Les tailles ne sont pas toujours adaptées, mais tous s'amusent à se photographier dans cet accoutrement. La montée vers la mine est éprouvante : ça grimpe, on est à plus de 4.000 mètres, on patauge dans nos bottes, le casque ne tient pas sur le tête ...
Devant l'entrée de la mine nous attend le mineur qui va nous faire la visite guidée. On est surpris de trouver là-haut des maisons d'habitation (enfin ... des masures). La pauvreté de ces familles de mineurs saute aux yeux. Des enfants en haillons jouent dans la poussière grise entre des wagonnets rouillés ....
Ca y est, nous entrons dans la mine. Bigre ... c'est vraiment étroit, et il faut regarder où on marche. Lever les pieds pour ne pas se tordre les chevilles dans les rails pour les wagonnets, baisser la tête pour ne pas se cogner aux étais, éviter les flls électriques qui pendouillent ... tout ça à la lueur d'une frontale dont le faisceau suit les mouvements de la tête : pas évident ! C'est vraiment vétuste, on aperçoit ça et là des poulies au-dessus d'un trou étroit donnant accès à un étage inférieur. Elles servent à remonter les sacs de minerai. Un peu partout, on trouve des récipients pour les offrandes à la Pachamama, le Mère Nature.
Au fond de la galerie, on tombe sur une statue rouge à l'allure effrayante : c'est El Tio. On trouve ce personnage au fond de chaque galerie. Il a une grande impor-tance pour les mineurs qui lui vouent un vrai culte. Il est vrai que les conditions de travail artisanales sont très pénibles. Le mineur gagne peu, n'a aucune couver-ture sociale et paye ses outils ...
Notre guide nous fait partager ce rituel : on enfonce une cigagette allumée dans le bec d'El Tio, on lui verse un peu d'alcool sur le corps. Nous enfournons des feuil-les de coca ... c'est plutôt amer et désèche la bouche, je ne tarde pas à recracher.
El Tio
El Tio, c'est l'oncle, le mari de la Pacha-mama. Il est le symbole de la fertilité (d'où son très voyant pénis rouge !). Pour faire peur aux indiens, ainsi qu'aux esclaves africains, El Tio a vite été montré sous les traits du diable ! C'est le maître de la mine et les mineurs lui témoignent d'un grand respect par des offrandes quotidiennes : feuilles de coca, topettes d'alcool, cigaret-tes...Chaque vendredi, ils s'installent au-près d'El Tio pour l'honorer, lui versent de l'alcool et lui allument des cigarettes dans la bouche ! Eux-mêmes en profitent pour mâcher de la coca et s'enivrer.
Le guide mineur nous fait goûter leur alcool à 87°. C'est un vrai tord-boyau et ça me coûte d'avaler ce liquide sans trop de goût mais hyper fort. Il faut une bonne dose d'habitude pour boire ça ...
Nous ressortons de la mine, et voyons les traces d'un autre rituel consistant à asperger l'entrée de la mine de sang de lama pour éviter les accidents versant du sang humain. Notre guide nous fait une démonstation d'utilisation de la dynamite. A l'extérieur, l'explosion ne fait pas trop d'effet, mais sous terre ça doit être autrement plus impressionnant. Devant la mine, des enfants au regard triste et suppliant vendent de petits cailloux colorés pour quelques centavos. Nous craquons pour quelques pièces d'un beau bleu turquoise. Au retour, on s'est aperçu que le bleu restait sur les doigts et que le caillou redevenait bêtement normal ... petite arnaque ! Mais si ça a pu apporter un sourire à ces enfants, quelle importance ...
Plus tard, retour dans la ville de Potosi, où nous visitons la Casa Real de la Moneda. C'est là qu'étaient frappées toutes les pièces de monnaie pour l'Amérique du Sud. C'est aujourd'hui un musée, dédié bien sûr à la monnaie, mais aussi à le peinture et aux minéraux.
Le centre de Potosi est typique de l'architecture coloniale espagnole, avec des maisons colorées et leurs balcons en bois, et de nombreuses églises. Les rues pavées et en pente requièrent un peu d'effort à cette altitude.
Nous visitons l'église San Francisco, et le couvent Santa Teresa, transfor-mé en musée, même si une dizaine de religieuses y vivent encore. Dans le temps, ce sont les filles des familles riches qui y étaient envoyées très jeunes, évidemment contre leur gré, avec en plus une grosses somme d'argent ... Le cloître recèle d’admirables et gigantesques tableaux de Melchor Perez de Holguin. On visite aussi de petites catacombes. Par d'étroits escaliers, nous grimpons sur les toits de l'église, une suite de curieuses coupoles de tuiles arrondies. On y bénéficie d'une magnifique vue sur Potosi, sur fond du Cerro Rico qui se détache du ciel d'un bleu intense.
L'église San Lorenzo, sur la Plaza de Armas, est remarquable pour son portail finement ciselé, chef-d’œuvre de la sculpture baroque métisse, tant sur le plan esthétique que pour le sujet de ses sculptures.