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Afrique du Sud - Jacarandas à Pretoria

Afrique du Sud

( octobre  2015)
Afrique du Sud - Soweto

Au coeur d'un quartier informel dans le township de Soweto

drapeau sud-africain
Pretoria - Soweto

 

Nous laissons le Mpumalanga pour rejoindre Pretoria, la capitale administrative, où on ne se lasse pas d'admirer les superbes jacarandas en pleine floraison entre le bleu et le violet.

 

Puis nous arrivons à Johannesbourg, la capitale économique, où nous visiterons surtout Soweto. Après un déjeuner chez l'habitant, nous allons voir le mémorial Hector Pieterson, puis allons déambuler dans le quartier pour prendre le pouls de son mode de vie.

 

La séquence la plus émouvante est la visite d'un quartier informel du township, où la pauvreté de la population nous éclate à la figure. Un peu d'espoir pourtant avec l'école gérée par l'asso-ciation KYP pour sortir les enfants de la misère.

​​Après avoir apprécié le lever de soleil depuis la terrasse de notre bungalow du Hannah Game Lodge, puis pris un solide petit déjeuner, nous reprenons la route en direction du sud vers Pretoria. Nous quittons la province du Mpumalanga pour celle du Gauteng.

Pretoria

Pretoria n'est pas très ancienne, puisque fondée en 1 855  par les Boers. Elle tient son nom de Andries Pretorius, un chef voortrekker vainqueur de la bataille de Blood River contre les zoulous lors de Grand Trek. Après avoir été la capitale du Transvaal, elle est maintenant la capitale administrative de l'Afrique du Sud.

 

Nous ne visiterons pas la ville en détail, mais nous nous arrêtons près de Union Buildings, le siège du gouvernement sud-africain. Les bâtiments se situent sur une esplanade qui offre une jolie vue sur la ville. Juste en-dessous s'étend le parc Louis Botha, qui abrite le mémorial du Bois Delville, une bataille de la guerre de 14-18 où des soldats sud-africains, qui intervenaient pour la première fois en Europe aux côtés des armées britanniques, ont subi de lourdes pertes. D'autres statues agrémentent le parc, dont celle monumentale de Nelson Mandela, évidement la plus photographiée, ainsi que celles de James Barry Hertzog  et Louis Botha, des anciens premiers ministres de l'Union de l'Afrique du Sud.

 

Mais ce qui caractérise Pretoria, c'est l'omniprésence, dans les allées, les parcs, les jardins, de jacarandas, un arbre flamboyant d'un beau bleu-violet lors de la floraison. Et comme nous sommes au printemps austral, c'est une explosion de couleur dans toutes les rues. Magnifique ! 

 

Lorsque nous passons en bus au centre ville, notre guide Thyto nous demande s'il n'y a pas quelque chose qui nous frappe. Ah ! on regarde mais la réponse ne vient pas. "avez-vous vu un seul blanc depuis quelques minutes ?" Force est de constater que non, mis à part un sdf ... Eh oui : si Pretoria reste à population majoritairement blanche, celle-ci s'est retirée dans les banlieues résidentielles (et surtout fortement sécurisées), le centre étant entièrement investi par la population noire et métisse. Les rues aux noms afrikaans sont peu à peu rebaptisés à la gloire de héros de l'ANC, l'African National Congress. 

Les jacarandas de Pretoria

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Arrivée à Johannesbourg

​​Nous reprenons la route pour Johannesbourg, à seulement une quarantaine de kilomètres de Pretoria. Appelée ici "Joburg", c'est la capitale économique de l'Afrique du Sud, dont le développement est parti de la découverte de gisements aurifères. On aperçoit d'ailleurs encore en arrivant sur la ville des terrils de mines. Johannesbourg a la réputation, vérifiée par les chiffres, d'une ville où la criminalité a explosé après la "déségrégation", et dans laquelle les guides ne recommandent pas de se promener seul, et en tous cas pas la nuit. Nous n'avons quant à nous pas visité le centre ville, mais plutôt des banlieues et des township, et je dois dire que nous ne nous sommes jamais sentis en situation d'insécurité. Il est vrai que nous étions en groupe, accompagnés d'un guide. Mais pas de trace d'agressivité ou d'animosité de la part de la population noire ...

 

Vu de la route il y a différentes couches dans le township : il y a bien sûr les baraquements complètement délabrés en bois, carton, tôle ondulée dans des rues en terre où ruissellent les égouts à ciel ouvert, mais aussi de plus en plus de maisonnettes en dur. Le centre ville, qui s'était assez détérioré, a été pas mal réhabilité, notamment pour le coupe du monde de football en 2010. Et les loyers ont explosé, chassant les noirs pauvres vers la périphérie, encore plus délabrée. La municipalité a bien construit à la hâte des petits collectifs, mais qui ont été vandalisés et détériorés avant même d'être habités, et qu'on voit, vides et éventrés, au bord des routes. On assiste de plus en plus à l'émergence d'une classe moyenne noire qui s'implante dans les township, dans des constructions neuves en briques ... mais sur de toutes petites parcelles et entourées de murs, souvent surmontés de barbelés ou tessons de bouteille.

 

Les township autour de Johannesbourg

Les township autour de Johannesbourg

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Déjeuner chez l'habitant

Notre déjeuner sera l'occasion d'une immersion dans une famille noire sud-africaine, dans le township de Soweto. Bien sûr, là on en parle pas d'un taudis, mais d'une maison récente, bien proprette, dans une rue paisible comme on en trouve dans toutes les banlieues résidentielles du monde. Cette famille accueille des touristes et leur propose un repas en formule self-service, autour de tables partagées entre la salle à manger et le jardin sous des parasols. Pendant que la femme s'occupe des convives, le mari regarde la télé dans la pièce d'à côté, des enfants piaillent, des ados vont et viennent ... Une chorale vient nous interpréter quelques chants noirs, ils ont vraiment de belles voix.

Chorale lors d'un déjeuner chez une famille de Soweto
Chorale lors d'un déjeuner chez une famille de Soweto
Chorale lors d'un déjeuner chez une famille de Soweto

Une chorale est venue chanter pour nous lors d'un déjeuner dans une famille sud-africaine à Soweto

Sur les lieux des émeutes de Soweto

​​On ne peut pas passer à SOWETO (SOuth WEst TOwn) sans visiter le mémorial Hector Pieterson. C’est ici, dans le quartier d’Orlando, que s’est joué le 16 juin 1976 un acte important de l’histoire de l’Afrique du Sud. C’était alors la pleine époque de l’apartheid, et les autorités voulaient imposer l’afrikaans comme unique langue à l’école. Or c’est la langue des blancs et les élèves noirs, opposés à ce diktat, ont organisé des manifestations. Mais les forces de l’ordre ont réagi brutalement et ouvert le feu. Les chiffres officiels parlent de 23 morts, mais les émeutes de Soweto qui ont suivi ont sans doute fait plusieurs centaines de victimes. Et c’est lors de ces représailles que le jeune écolier Hector Pieterson a été tué.

 

Sa photo, où il est porté mort dans les bras d’un autre élève, sa sœur courant à côté, a fait le tour du monde et a commencé à secouer les consciences, marquant le début d’un embargo sur les ventes d’armes et des représailles économiques. Ces émeutes, devenues un symbole, ont marqué un tournant dans la logique de l’apartheid et ont initié son déclin en donnant de la force à l’ANC. Situé dans un petit parc, le mémorial Hector Pieterson montre la photo emblématique qui a ému le monde entier. Juste à côté se trouve un musée Hector Pieterson qui explique les événements ayant conduit aux émeutes. Tout près également, la maison de Nelson Mandela, transformée en musée, et celle de l’archevêque Desmond Tutu.

Le mémorial Hector Pieterson à Soweto

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Tranches de vie à Soweto

​​On se promène un peu dans le quartier de Meadowlands, ce qui nous offre une vision de ce que peut être la vie dans un township comme Soweto. La population, quasiment exclusivement noire, vaque à ses occupations, avec calme et nonchalance. Beaucoup d'étals au bord des routes et des rues, où des marchands abrités sous des parasols proposent fruits et légumes et toutes sortes de marchandises. L'économie a l'air plutôt informelle ici ... Des minibus, dont on ne sait pas bien s'il s'agit de transports collectifs ou de taxis sauvages, sillonnent les rues, sans afficher de destination. Beaucoup de graffitis artistiques sur les murs, beaucoup de gens qui semblent désoeuvrés aussi ... 

Scènes de vie quotidienne dans Soweto

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Dans un quartier "informel" de Soweto

​​Thyto nous emmène dans un quarter informel. Là, c'est vraiment la zone ... les cabanes en planches, tôle ondulée et grillages sont étroitement imbriquées dans des ruelles en terre battue. Etonnamment pas mal de végétation (sauvage) qui donne une touche de vert à ces ensembles gris ponctués de taches de couleur. Les lieux sont vivants : des vieux assis devant leur cabane, des hommes qui s'occupent comme ils peuvent, des femmes avec des jeunes enfants dans les bras, et surtout des enfants, beaucoup d'enfants, souvent pieds nus.

 

La pauvreté des ces gens est évidente, mais pour autant ils n'ont pas la misère dans le regard. Les enfants sont joueurs et rieurs, les adultes vont et viennent sans trop faire attention à nous, des "intrus"  dans leur lieu de vie. Bien sûr pas d'eau courante, les toilettes sont des sortes de cabines de chantier alignées le long de la voie ferrée, chacune étant partagée entre plusieurs familles qui détiennent une clé du cadenas ... Les ordures sont brûlées, également le long de la voie ferrée.

 

Et au milieu de ce quartier, surprise, une école "en dur" gérée par l'association KYT : Kliptown Youth Program, créée en 2007 et qui a pour but d'aider les jeunes de ces quartiers informels, notamment Kliptown, à se développer et sortir de la pauvreté en facilitant leur scolarisation. Un des responsables nous explique longuement (en français) et avec passion l'histoire, les missions et les résultats de l'association. Tous achètent qui une casquette, qui un tee-shirt pour apporter son obole au financement.

 

Des jeunes nous font une démonstation de Gumboot Dance, une danse où on porte des bottes en caoutchouc sur lesquelles on frappe du plat de la main lors des chorégraphies. Elle trouve son origine dans les mines, où le travail était très pénible. Le régime de l'apartheid interdisant aux mineurs noirs de se parler, ils ont trouvé ce mode de communication en frappant de diverses manières sur leurs bottes en caoutchouc ... Cette danse est désormais très ancrée dans la culture sud-africaine. 

 

C'est avec émotion que nous quittons cet endroit, où on se rend compte de manière très concrète du grand dénuement d'une partie de la population noire ... il reste beaucoup de chemin à faire pour atténuer les effets de la politique de l'apartheid !

Dans un quartier informel de Soweto

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​​Comme un fait exprès pour contre-balancer la vision de pauvreté extrême de l'après-midi, nous logeons dans un hôtel juste en face d'un casino, où nous dînons. Juste le temps d'avoir un aperçu de cette sorte de copie du Cesar's Palace de Las Vegas, où l'argent coule sur les tables de jeux et les machines à sous ... le contraste est saisissant !

​​L'apartheid

 

L'apartheid, appellation d’origine afrikaans, est la politique de ségrégation raciale imposée  en Afrique du Sud par la minorité blanche à l'encontre de la majorité noire. C’est le Parti National  qui a mis en œuvre l'apartheid en 1948. Mais dans les faits, la ségrégation raciale existait en Afrique du Sud depuis la création de la colonie du Cap au 17ème siècle, traduisant l’angoisse viscérale des Afrikaners, les blancs non anglophones, d’être écrasés par la population noire qui les entourait.

 

L’apartheid n’est que la traduction dans les institutions et les lois de cette politique. La ségrégation accorde un statut social fonction de l’origine ethnique :

  • Les blancs, qu’ils soient afrikaners ou anglophones

  • Les noirs, appelés bantous, quelle que soit leur ethnie : zoulou, xhosa …

  • Les coloured, ou métis

  • Les indiens

 

L’apartheid institue le développement séparé des races et va jusqu’à créer des bantoustan, des « nations noires »  artificielles dont les dirigeants sud-africains prônaient l’auto-détermination. De nombreuses mesures discriminatoires et interdictions voient le jour : obligation du pass book (laissez-passer) contenant une pièce d'identité et un certificat d'origine tribale, zones d’habitation séparées, commodités publiques distinctes, interdiction de mariages ou relations sexuelles entre blancs et non-blancs …et bien d’autres.

 

Dès 1960 naissent cependant, sous l’influence de l’ANC de fortes tensions inter-raciales, qui vont durer jusqu'en 1979. L’un de ses dirigeants les plus influents, Nelson Mandela est arrêté en 1962 et condamné à perpétuité. En 1976 les émeutes de Soweto ouvrent les yeux du monde sur le politique de l’apartheid.

 

Entre 1979 et 1985, le président Pieter Willem Botha, sous la pression internationale, donne quelques signes d’apaisement et abolit certaines règles discriminatoires. Mais cela reste insuffisant et les protestations des noirs contre le régime amènent de nouvelles émeutes en 1985. En 1986, Botha annonce la fin de l’apartheid : il n’ y a plus de laisser-passer, la ségrégation raciale dans les zones urbaines s’assouplit … mais les noirs n’ont toujours pas de droit de vote.

 

Et c'est en 1991 que Frederik Willem De Klerk qui a succédé à Botha, démissionnaire, fait abolir l’apartheid et légalise l’ANC. Une nouvelle constitution est adoptée en 1993 et les premières élections démocratiques et multi-raciales ont lieu en 1994. Nelson Mandela est élu président de l’Afrique du Sud. C’est le début d’une nouvelle ère pour l’Afrique du Sud

Restaurant soir: Emperors Palace Casino (Johannesbourg))   - voir 

 

Hôtel :                 Peermont Metcourt Hotel (Johannesbourg)  - voir

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