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Vietnam Sa Dec

Vietnam

​( mars 2012)

 J 12

Sa Dec

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Après la croisière sur le Mékong, nous passons la matinée à visiter Sa Dec. Nous y avons déjà fait une escale hier soir pour dîner dans la maison de l'amant de Marguerite Duras.

 

Sa Dec, une ville très rurale, est un vaste jardin parcouru d'arroyos où on trouvent pas mal de maisons coloniales et aussi des temples chinois. Nous visitons le jardin d'un horticulteur, puis déambulons en ville, où nous faisons un crochet par l'école primaire... parce que la mère de Marguerite Duras en était la directrice. Le marché, très coloré, est un régal de couleurs, d'odeurs pour des occidentaux. On peut observer mar- chands et clients dans leur quotidien, sans qu'ils se préoccupent des touristes.

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Nous sommes en milieu de matinée et c'est ici, à Sa Dec,  que s'achève la croisière en sampans privatifs sur le Mékong.  Mais avant de vous parler de cette journée, rapide flash back sur la soirée d'hier. Car avant de passer la nuit sur nos sampans dans le labyrinthe d'îlots du Mékong, nous nous étions déjà arrêtés à Sa Dec pour dîner dans la "maison de l'amant chinois" de Marguerite Duras. Dîner moyen (pour une fois) mais dans un lieu  chargé d'histoire. Après avoir servi de bureau de police, la maison  a été réaménagée en musée à la gloire de l'Amant. La décoration intérieure, faite de panneaux de bois sculptés et dorés, est typique du style vietnamien.

nc 
L'Amant de Marguerite Duras

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La romancière Marguerite Duras (c'est son nom de plume), née à 1914 près de Saïgon, a passé sa jeunesse en Indochine, notamment à Sa Dec, où sa mère, veuve, dirige l'école. Elle s'est rendue célèbre par son roman, l'Amant, qui obtient le Goncourt. Roman auto-biographique, il raconte son enfance puis son adolescence où elle rencontre un riche chinois, Huynh Thuy Le, qui deviendra son amant. En arrière-plan, le récit évoque les interdits de l'époque : l'amour d'une jeune fille de quinze ans avec un homme adulte, la relation entre une fille blanche et un asiatique, les relations difficiles avec sa mère ... Porté à l'écran par Jean-Jacques Annaud, le film n'a pas su retranscrire ces facettes selon la romancière ... qui l'a réécrit sous le titre "l'amant de la Chine du Nord" !

  

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"Que je vous dise encore, j’ai quinze ans et demi. C’est le passage d’un bac sur le Mékong. L’image dure pendant toute la traversée du fleuve. J’ai quinze ans et demi, il n’y a pas de saisons dans ce pays-là, nous sommes dans une saison unique, chaude, monotone, nous sommes dans la longue zone chaude de la terre, pas de printemps, pas de renouveau. Sur le bac, à coté du car, il y a une grande limousine noire avec un chauffeur en livrée de coton blanc. Oui, c’est la grande auto funèbre de mes livres. C’est la Morris Lèon-Bollée.

Dans la limousine, il y a un homme très élégant qui me regarde. Ce n’est pas un blanc. Il est vêtu à l’européenne, il porte le costume de tussor clair des banquiers de Saigon. Il me regarde. J’ai déjà l’habitude qu’on me regarde. On regarde les blanches aux colonies, et les petites filles blanches de douze ans aussi."

[...] 

"L’homme élégant est descendu de la limousine, il fume une cigarette anglaise. Il regarde la jeune fille au feutre d’homme et aux chaussures d’or. Il vient vers elle lentement. C’est visible, il est intimidé. Il ne sourit pas tout d’abord. Tout d’abord, il lui offre une cigarette. Sa main tremble. Il y a cette différence de race, il n’est pas blanc, il doit la surmonter, c’est pourquoi il tremble. Elle lui dit qu’elle ne fume pas, non merci. Elle ne dit rien d’autre, elle ne lui dit pas laissez moi tranquille. Alors il a moins peur. Alors il lui dit qu’il croit rêver. Elle ne répond pas. Ce n’est pas la peine qu’elle réponde, que répondrait-elle ? Elle attend."

[...]

"Il répète que c’est tout a fait extraordinaire de la voir sur le bac. Si tôt le matin, une jeune fille belle comme elle l’est, vous ne vous rendez pas compte, c’est très inattendu, une jeune fille blanche dans un car indigène."

Marguerite Duras - L'Amant

nc 

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Retour sur notre visite de Sa Dec, véritable jardin à ciel ouvert. On y trouve en effet nombre de pépinières ou d'horti-culteurs. Nous visitons un jardin, où sont cultivées toutes sortes de fleurs dont la plupart nous sont inconnues. 

 

Nous déambulons ensuite dans Sa Dec. Un temple caodaïste, à la décoration très kitsch. Un peu plus loin une cour avec un fourgon de pompes funèbres, gigantesque et tout aussi kitsch. Dans les rues, de nombreuses maisons de style colonial ont résisté au temps. 

 

Des temples aux allures chinoises aussi, comme celui de Kien An. Dans un des temples (je ne me souviens plus de son nom), un coin est réservé à la vente de plantes médicinales, qui sont très présentes dans la pharmacopée locale.

 

 

En entendant notre groupe parler français, un vieux monsieur vient à notre rencontre et nous aborde dans un français excellent même s'il est chevrotant et teinté d'accent. Il veut savoir d'où nous venons, puis nous parle de Sa Dec, du temple où nous sommes, de la valeur curative des plantes qui sont vendues ... On voit qu'il prend plaisir à parler en français aux visiteurs étrangers que nous sommes. Il pourrait sûrement nous raconter un tas d'histoires intéressantes, mais Hien nous rappelle : il faut continuer ... ça c'est l'ennui des voyages organisés !  

        

Hien nous emmène à l'école primaire Trung Vuong dont le mère de Marguerite Duras fut la directrice. Bon, à part ce haut fait historique, cette école ne présente rien de particulier. A noter cependant que les élèves, filles et garçons portent le même uniforme. Nous constatons aussi que les enfants vietnamiens, comme tous les enfants du monde, sont espiègles et souriants. L'apparititon des touristes les observant par les fenêtres ou portes ouvertes les distraient quelques instants de leur cours de grammaire. D'ailleurs, vous aurez remarqué que la langue viet-namienne utilise un alphabet latin, avec certes un peu plus de cédilles et d'accents. Et contrairement à la plupart des autres pays asiatiques, un étranger est capable de lire un panneau routier, voire de prononcer (à peu près) le nom d'un met sur une carte ... même s'il ne comprend pas !

 dont la mère d MArgurite Durasnc 

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Nous allons faire un tour au marché. Tout d'abord au marché couvert, dans une halle datant de l'époque coloniale, coiffée d'une flèche qui se voit depuis la rivière. Puis  nous baguenaudons sur le vaste et très coloré marché de Sa Dec. A l'abri de bâches pour se protéger du soleil, des commerçants, femmes pour la plupart, sont venus vendre leurs produits. Beaucoup de fruits (melons d'eau, fruits du dragon, bananes, citrons, litchis, ramboutans  ...) et de légumes (tomates vertes, un genre de haricots longs de 50 cm, gingembre, autres racines non identifiées ...). Beaucoup de poissons aussi, généralement barbotant dans une bassine avec un fond d'eau, car les vietnamiens n'aiment pas acheter du poisson mort, sauf sous sa forme sèchée, qu'on trouve beaucoup aussi. Et puis des crabes, des crevettes, des grenouilles... La viande, de porc souvent, est découpée sur l'étal et proposée juste posée sur un grand carton ...

  

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Sur les étals, les marchandes, souvent coiffées du chapeau coni- que traditionnel, sont habillées de ce que chez nous on prendrait pour un pyjama. Le marché est très vivant : on y vit, on y mange, on papote, les enfants y jouent, les clients passent entre les étals à vélo ou à mobylette ...

 

Pour finir, on fait un tour en vélo dans la ville, qui malgré ses 100.000 habitants est très rurale. Très peu de voitures dans les rues, où mobylettes, vélos et même voitures à bras cohabitent avec nonchalance. Ici ou là, on aperçoit un coiffeur, un dentiste, un tailleur  exerçant son art portes ouvertes, avec un matériel qui semble dater du temps de l'Indochine.

 

Puis nous reprenons la route pour Saïgon, ou nous arrivons en milieu d'après-midi.

 dont la mère d MArgurite Durasnc 

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