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Laponie finlandaise

( février  2013)

J 6

Pêche blanche

Aujourd'hui, nous partons en direction de l'est, jusqu'à la frontière russe. Entrée strictement verboten ! puis un arrêt sur un pont pour un inoubliable shoot de photos : le paysage est beau à pleurer...

 

Nous visitons ensuite à Nellim une très jolie église orthodoxe en bois. Puis Nora, notre guide locale du jour, nous emmêne sur le lac gelé pour la séance de pêche blanche.

Amusant ... même si on n'a rien pris.

 

Le soir, dîner de gala dans la kota de l'hôtel ... et cerise sur le gâteau, lorsque nous sortons, une aurore boréale électrise le ciel. On peut mourir tranquille, on l'aura vue !

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Le thermomètre de l'hôtel indique -28° ! Kopi nous annonce qu'en rase campagne, on descendra sous les -30° ... Vérifions qu'on a bien mis toutes les couches de vêtement recommandées. C'est parti pour une bonne heure de bus, et à la sortie d'Ivalo, nous prenons à droite en direction de la Russie. Les panneaux indiquent 285 km jusqu'à Mourmansk, grand port qui fut longtemps stratégique, pendant la 2ème gurerre mondiale et lors de la guerre froide du temps de l'URSS. Nombreux sont les russes qui viennent faire leurs achats en Laponie, notamment à Ivalo, où les supermarchés sont bien achalandés.

 

Ce matin, le ciel est d'un bleu pur qui magnifie encore les collines enneigées et les forêts d'arbres givrés. Il fait tellement froid que par moment, les vitres du bus givrent de l'extérieur ... Nous roulons à bonne allure sur les routes totalement enneigées : les rails de glace ne semblent pas gêner les chauffeurs locaux, question d'habitude ? Soudain, notre conducteur s'exclame  : un élan traverse noncha-lament la route devant notre bus. Si rencontrer des rennes divaguant sur la route est fréquent (et une source récurrente de collision et de mortalité de cervidés), voir un élan est rare ... notre jour de chance ?

 

Nous passons Nellim, jusqu'à la frontière russe. Là, on sent que la Russie n'est toujours pas un pays dans lequel on pénètre facile-ment. Sur chaque arbre est collée une étiquette matérialisant l'interdiction d'aller plus loin. La barrière, telle qu'on n'en voit plus en Europe, est baissée (la frontière n'est d'ailleurs ouverte que quelques heures par jour, selon l'humeur des douaniers). Un grand panneau explique, dans toutes les langues ou dialectes du coin, que sans autorisation on ne passe pas. Et Nora, notre belle guide rousse (mais pas russe) du jour, nous confirme qu'il ne faut vraiment pas plaisanter : même si on ne voit personne, il y a des caméras partout ...

  

Nous poursuivons un peu côté finlandais jusqu'à un pont où nous débarquons du bus. Et là ... le spectacle est extraordinaire. Le pont traverse une large rivière sur laquelle se trouve, un peu en amont, un barrage hydro-électrique. Celui-ci réchauffe l'eau, et donc la rivière n'est pas totalement gelée. 

 

Une eau bleue nuit vient franger les étendues de neige immaculée du rivage gelé. Tels des champignons, les roches couvertes de neige éclosent sur la glace. Sous le soleil rasant, les cristaux de neige scintillent sur les brindilles.  Statufiés par le givre, les arbres se détachent sur un ciel pur d'azur. Au loin, un îlot couvert de sa-pins blanchis joue à cache-cache avec la brume.

 

Paysage magique du grand nord, sans doute parmi les plus belles photos du voyage ... regardez-lez !

      

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Nous revenons vers Nellim pour visiter une église orthodoxe. Très belle bâtisse en rondins de bois, elle est posée comme un bijou à l'état brut dans son écrin de forêt enfouie sous la neige. Elle ressemble vraiment aux églises russes perdues dans la taïga telles qu'on les imagine ... Ses deux tourelles sont surmontées de la croix orthodoxe, reconnaissable à ses trois traverses. Celle du milieu, la plus grande, est pour les bras du crucifié, celle du bas pour soutenir ses pieds ; elle est d'ailleurs inclinée : un côté vers le ciel, l'autre vers l'enfer... 

 

A l'ntérieur, très cosy, les parois sont décorées de nombreuses icônes représentant des personnages saints. Dans la religion orthodoxe, les icônes sont très vénérées. La tête des personnages est généralement entourée d'une forme de halo qui lui confère une lumière particulière.

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Il est temps de nous diriger vers l'activité "sportive" de la journée : une initiation à la pêche blanche. D'abord un peu de marche à travers la forêt toujours aussi majestueuse. Un froid cristallin engourdit nos membres et brûle les poumons quand on respire. Pour nous réchauffer, Nora nous propose un petit jeu : elle s'enfonce dans la forêt (c'est rien de le dire : elle a de la neige poudreuse jusqu'en haut des cuisses) ... et le premier qui la rejoint a gagné (quoi ? on ne le saura jamais). Tout le monde court (enfin, les mecs surtout !) ... et se vautre dans la neige profonde. Ah ! elle se mérite la jolie rousse !  les plus hardis sont à quatre pattes ...

La pêche blanche consiste à essayer d'attraper des poissons sous la couche de glace d'un lac ou d'une rivière gelée. Pour cela, on creuse un trou à l'aide d'une grande tarière qu'on actionne à la main. Et je peux vous dire que même bien aiguisée (affutage réalisé par Nora elle-même, qui surveille pour qu'on n'abîme pas les lames), traverser la couche de glace de 80 cm, c'est du sport ... on ne pense plus au froid !

 

Mais celui-ci se rappelle à nous lorsqu'il s'agit de plonger sa main (nue ... ) dans le trou de 10 cm de diamètre pour enlever la neige gelée afin de permettre la passage du fil. La canne à pêche, avec son moulinet, est toute petite, elle ressemble à un jouet. On laisse descendre le fil ... et on attend, à genoux sur la glace. Au bout d'un moment, immobile, le froid est vraiment vif, c'est la première fois que j'ai froid aux pieds. Les piles de mon Nikon (chargées du matin ...) ont rendu l'âme. Heureusement, il nous reste le Panasonic.

 

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Sous la glace, les poissons doivent se marrer des efforts vains des touristes ... en tous cas, nous serons tous bredouilles ! Dans une cabane (un abri plutôt), Nora a fait du feu pour chauffer du ... jus de baie, vous l'auriez deviné.   Elle semble aussi insensible au chaud qu'au froid : elle empoigne la théière fumante quasiment à main nues ! La chaleur fait du bien à tout le monde ... ça commence à sentir le caoutchouc brûlé, certains se chauffant les pieds un peu trop près des flammes. Le déjeuner est le bienvenu pour nous redonner des calories. Une magnifique peau de loup orne les murs du restaurant.

  

Après déjeuner, Nora nous emmène dans une kota, où elle nous fait rencontrer Kathrin, sa grand'mère. C'est une Saami skolt, les moins nombreux des Saami. Petite et ridée, elle parle plusieurs langues et dialectes. Elle nous raconte l'histoire des costumes traditionnels saami. Nora fait  l'interprête en anglais ... puis Kopi en français. Elle nous explique l'utilisation des peaux de renne pour les bottes et les jambières, les couleurs et les motifs des tuniques, la symbolique des bonnets à trois pointes, le rôle des rubans (d'un côté si on est célibataire, de l'autre si on est marié ... il faut penser à les remettre du bon côté avant de rentrer pour un mari parti en goguette ...)

 

En fin de présentation, Kathrin chante un joik. Sa voix éton-nament claire pour une personne si âgée et frêle donne un côté très émouvant à cette mélopée.  

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Le soir, on s'offre un dîner de gala à la kota de l'hôtel. En entrée, des poissons fumés notamment du saumon et du lavaret, un poisson à la chair blanche. Contrairement au saumon fumé qu'on achète chez nous, les tranches sont épaisses, un bon centimètre. La chair est vraiment moëlleuse sans être grasse. C'est très  bon ! Ensuite, du filet de renne. Alors là ... c'est une tuerie : c'est super-tendre, goûteux ... excellent ! J'y suis retourné trois fois ...

 

Et en sortant de la kota, on remarque une grosse effervescence : les gens courent, s'interpellent : une AURORE BOREALE !!! Et effectivement, le ciel est vert au-dessus de la rivière... vite, mettre notre tenue grand froid (en un temps record, mais en trichant : on a oublié quelques couches) et avant au pas de course vers l'Ivalojoki. Et là le spectacle tant attendu se dessine sous nos yeux. Un tourbillon de vert vibre dans le ciel, avec une forme de tornade qui s'effiloche vers la droite. C'est beau ... tout simplement !

 

On a l'impression que tout l'hôtel est dehors. Les gens sont saisis par le spectacle. En fait, c'est moins fugace que ce que je pensais : ça dure une bonne vingtaine de minutes, la nuée verte se transforme, s'étire puis s'atténue ... avant de rapparaître sous une forme plus horizontale de l'autre côté d'Ivalo ... On essaye de prendre des photos, mais c'est pas simple, il faudrait un pied pour un long temps de pose. Le froid se fait mordant, on regagne l'hôtel, avec l'impression d'avoir vécu une expérience différente.

    
​​Les aurores boréales

Boréales dans l'hémisphère nord ou australes dans le sud, les "aurores" s'observent dans les régions proches des pôles. Elles sont dûes à la collision de particules électrisées, projetées par un orage solaire, avec le bouclier magnétique qui protège la terre, la magnétosphère, qui les dévie. Ces particules excitent des atomes d'azote, d'hydrogène ou d'oxygène, qui deviennent lumineux et produisent ainsi le spectacle coloré des aurores boréales. Elles sont souvent  vertes, mais des couleurs rouges ou roses, jaunes voire bleues indigo ne sont pas rares. La couleur est fonction de la nature des ions : azote, hydrogène ou oxygène qui eux-mêmes sont fonction de l'altitude. L'azote donne des couleurs rouges, l'oxygène des couleurs vertes. Les formes aussi sont très varia-bles : arcs, draperies, rubans, rideaux, rayons ...

      

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