Laponie finlandaise
( février 2013)
J 5
Ferme des rennes
Le programme du jour prévoit la visite d'une ferme d'élevage de rennes, quelque part au nord d'Inari. Nous pouvons ainsi découvrir cette activité traditionnelle du peuple Saami.
Nous faisons une agréable promenade dans un traîneau tiré par un renne à travers la magnifi-que campagne hivernale. On s'exerce aussi au lancer de lasso ... pas évident !
A midi nous déjeunons de spécialités de renne (évidemment) dans la kota de la ferme. La famille d'éleveurs nous explique les costumes saamis. Et pour finir, nous avons droit à une séance de joik, le chant traditionnel saami. Beau et émouvant !
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Ce matin, le froid s'est encore accentué, le thermomètre est nettement sous les -20°. Kopi nous indique qu'au fin fond de la campagne, à la ferme des rennes où nous allons, la température va encore perdre plusieurs degrés. Nous voilà prévenus ! Allez, en route ... Le bus a fait pré-chauffer son habitacle, il fait bon à l'intérieur. D'ailleurs, en Laponie, les voitures couchent généralement dehors, il n'y a pas de garage. En revanche, elles sont toutes branchées à une borne électrique, qui permet de programmer le pré-chauffage du moteur et de l'habitacle. Le carburant ne pose pas de problème jusqu'à -40°. Après ...
Tout au long de la route, nous admirons le paysage, majestueux dans cette clarté matinale. Le soleil très bas créé des jeux de lumière très particuliers. Tant que le soleil est caché, les champs de neige immaculée donnent l'impression d'être un nuage ouaté. Lorsqu'il paraît, les collines au loin prennent des teintes roses orangées très douces. Le moindre sapin étire son ombre à l'infini. C'est beau !
Nous arrivons à la ferme où nous sommes accueillis par la famille d'éleveurs dans leur costume traditionnel saami.
Pour les hommes, il se compose de cuissardes à base de peau de renne, et d'une tunique en laine bleue, bordée de galons tissés en couleurs vives rouge, orange et jaune, qui descend à mi-cuisses. Les femmes portent une tunique plus longue, serrée par une large ceinture, avec sur les épaules une forme de châle en tissu écossais. Si le couvre-chef des hommes est un drôle de bonnet à trois pointes avec des rubans, les femmes portent un bonnet plus profond qui couvre leurs cheveux. Les Saami protègent leurs mains avec des moufles ornées de motifs et portent aux pieds des bottines en peau de renne, appelées des skallers, dont la pointe est recourbée.
Nos hôtes nous emmènent ensuite auprès des rennes et nous expliquent les spécificités de cet élevage.
Eleveurs Saami en costume traditionnel (1/9)
Eleveurs Saami en costume traditionnel (2/9)
(9/9)
Eleveurs Saami en costume traditionnel (1/9)
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L'élevage des rennes
L'élevage de rennes est très important dans la culture mais aussi dans l'économie des Saami, à côté de la chasse et de la pêche ... et désormais du tourisme. Les rennes vivent de façon semi-sauvage, mais il appartiennent tous à un éleveur. Ils sont rassemblés une ou deux fois par an, pour identifier les petits et les marquer. Malgré cette impression de liberté, l'élevage de rennes est très réglementé par des quotas.
Le renne se nourrit essentiellement de lichen dans la forêt. En hiver, les bois lui servent de pelle pour creuser la neige à la recherche de lichen, même si leur métabolisme nécessite alors moins de nourriture. Tout est bon dans le renne : la viande bien sûr, mais aussi la fourrure, les os, les bois, les tendons ...
Les rennes sont de gentilles bestioles, pas très grandes, entre 1 m et 1,20 m (c'est moins impressionnant qu'une vache par exemple) qui se laissent facilement approcher. Il viennent manger dans la main les granulés qui complètent leur ordinaire en hiver. Les rennes sont marqués par un série d'entailles dans les oreilles : chaque éleveur a son dessin qui lui est propre. Pour marquer un petit, l'éleveur repère une femelle dont l'oreille porte sa marque puis attrappe au lasso le petit qui la suit ... facile ! Pour le fun, on a pu s'entraîner au lancer de lasso sur des bois de renne : c'est tout sauf évident ! Et là les bois étaient fixes, alors attraper un petit qui court dans tous les sens ...
Dans la langue saami, il existe plusieurs centaines de mots pour désigner le renne, selon le sexe, l'âge, la couleur des bois ou de la fourrure. Chez les rennes, aussi bien les mâles que les femelles portent des bois, les mâles les perdant après la saison du rut, les femelles au printemps.
Puis c'est l'heure de faire une promenade en traineau tiré par un renne. Le père Saami au sourire goguenard s'installe dans le traineau de tête pour mener le petit groupe. Nous nous glissons par deux dans un traîneau chacun tiré par un renne, le tout étant attaché à la queue leu leu. Hop, c'est parti pour une balade dans les alentours de la ferme. La caravane glisse silen-cieusement dans la campagne alternant forêts et prairies. Le tout dans une neige immaculée et sous un ciel d'un bleu très pur. Magnifique et d'une grande sérénité.
Seul bémol : les rennes ont tendance à vouloir dépasser le traineau qui les précède (papa Saami nous avait prévenus ...). Notre renne veut absolument goûter au bonnet de Raymond devant nous ! C'est là qu'on se rend compte que les bois sont sacrément encombrants ...
C'est parti, à la queue leu leu (1/12)
Raymonde et Jean-Paul au départ (2/12)
C'est parti, à la queue leu leu (1/12)
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Il est midi, nous nous rendons dans une belle kota en bois pour déjeuner. Un joyeux feu de bois crépite au centre de la cabane, ça fait du bien de s'y réchauffer ... car dehors il fait quand même sacrément froid (surtout assis dans un traineau). Au menu : ragôut de renne (évidemment) avec du jus de baie (on s'en serait douté ...). La viande a un goût un peu prononcé, mais je trouve ça bon.
L'amie de la famille Saami, qui est notre guide pour cette matinée, nous parle de la culture Saami. Elle exhibe le drapeau saami, qui compte 4 couleurs : le bleu (le ciel et l'eau), le rouge (le feu), le jaune (le soleil) et le vert (la forêt). Ces couleurs se retrouvent sur le costume saami. Un Saami ne se sort jamais sans 3 éléments indispensables : la kuksa, une sorte de tasse en bois creusée dans de la loupe de bouleau, le couteau saami, avec un manche en bois de renne et qu'on range dans un étui en cuir, et des allumettes. Avec ça ils sont parés pour la survie !
Le femme saami chante un joik en s'accompagnant du tambour magique (1/5)
Ambiance chaleureuse dans la kota de la ferme (2/5))
Le couteau traditionnel saami (5/5)
Le femme saami chante un joik en s'accompagnant du tambour magique (1/5)
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Le joik
La maîtresse de maison nous fait une démonstration de joik (prononcez yoïk). C'est le chant traditionnel des saami, qui se chante a capella en s'accompagnant sur un tambour. Le joik peut parler d'une personne, d'un animal, de la nature ... Chant religieux à l'origine, il a longtemps été interdit par les autorités. Il se raconte qu'il a survécu grâce aux ivrognes qui faisaient fi de l'autorité ...
Très gutural, avec une mélodie plutôt répétitive, le joik procure une sorte d'envoûtement qui prend aux tripes. La voix forte de la chanteuse est rythmée par des coups sur la peau du tambour magique, qui était utilisé pour la transe chamanique. C'est beau et très émouvant.
Après le déjeuner, nous baguenaudons encore un peu aux alentours de la ferme avant de repartir pour Inari.
La très belle kota de la ferme (1/11)
La très belle kota de la ferme (1/11)
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