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Cambodge - maison flottante sur la Sangkaé entre Siem Reap et Battambang

Laos et Cambodge

(novembre - décembre 2017)
Cambodge - scène de vie sur la Sangkaé entre Siem Reap et Battambang
De Siem Reap à Battambang

Journée de transition aujourd'hui puisque nous quittons Siem Reap pour rejoindre Battambang, un peu plus à l'ouest.

 

Pour autant, une très belle journée, puisque le transfert s'est fait en bateau, une sorte de grosse pirogue ... assez rustique. 

 

Après après avoir traversé le lac Tonle Sap, nous  remontons la rivière Sangkaé. Le bateau offre une vision privilégiée de la vie des habitants de cet écosystème très particulier. On les voit pêcher, commercer, cultiver ... vivre tout simplement.

 

Maisons flottantes, bateaux-maisons, maisons sur pilotis témoignent de la capacité d'adapta-tion de la population. Une belle expérience. 

Sur la Sangkaé du côté de Pak Prear

Fin de la visite du site d'Angkor, nous quittons Siem Reap pour Battambang, qui doit être à une centaine de kilomètres plus à l'ouest, à vol d'oiseau. Mais voilà ... nous ne sommes pas des oiseaux ! Le trajet peut se faire par la route, en bus, il faut compter trois ou quatre heures. Ou alors ... on peut prendre le bateau : c'est l'option que nous avons retenue, et tant pis si la navigation va prendre sept heures. Et encore : là on est dans la situation idéale, au tout début de la période sèche, et donc les terres inondables ne sont plus inondées, et il y a assez d'eau pour faire tout le trajet dans de bonnes conditions. Plus la saison sèche avance, moins il y a d'eau, les bateaux s'échouent dans la vase et/ou se prennent l'hélice dans les jacinthes d'eau, et il n'est pas rare que la trajet dure dix heures, voire se finit en tuk-tuk par la piste défoncée . 

De Siem Reap au port de Phnom Kraom

Ce matin, notre guide Sehya "comme ça là" nous laisse entre les mains de Srei, une charmante jeune femme. Le bus nous emmène jusqu'à Phnom Kraom à travers de jolis paysages de rizières d'un beau vert tendre qui contraste avec le ciel menaçant. A l'embarcadère (un grand mot, les bateaux sont juste adossés à la berge par la proue), nous attend notre bateau, qui ressemble comme une goutte d'eau à ses frères. Pour notre confort, le bateau est privatisé, et les bagages suivent par le bus... grand luxe, quoi  ! Il existe aussi des navettes qu'on peut réserver via une agence à Siem Reap, mais là il faut rivaliser avec les cambodgiens du cru pour se faire sa place à bord ...

 

Notre bateau de croisière est ... disons rustique : une dizaine de bancs en bois à deux places de chaque côte (mais taille d'un cambodgien, hein), un toit sur la tête (c'est mieux quand le soleil tape), et vers l'arrière juste derrière les derniers bancs ... le moteur, sans capot ! Au bout de quelques minutes, quand on est vers l'arrière, le bruit devient vite insupportable, de même que la chaleur et l'odeur des gaz d'échappement ... Les oreilles saignent, on improvise des bouchons avec des mouchoirs en papier. Pour les gaz d'échappement, il faut juste espérer que la barque va avancer assez vite pour les rejeter derrière nous.  Ah oui j'oubliais ... notre navire de croisière est équipé de toilettes ... une cabane en planches avec une porte en fer-blanc, avec une cuvette qui débouche dans la rivière, et un broc d'eau qu'on est prié de remplir à la rivière après usage. Les filles ne se sont pas précipitées pour s'en servir ...

 

Dans un premier temps, nous naviguons sur un bout de rivière, bordé par des maisons sur pilotis ou flottantes, à l'image de ce que noous avions déjà vu début de semaine lors de notre excursion sur le Tonle Sap. Peu à peu les maisons se font rares, on ne voit plus que les arbres de la forêt inondable : nous avons atteint le grand lac d'eau douce, que nous traversons à son extrémité, dans une partie peu large,  

Entre Siem Reap et Phnom Kraom

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Entre Phnom Kraom et le Tonle Sap

Dans un premier temps, nous naviguons sur un bout de rivière, bordé par des maisons flottantes, à l'image de ce que nous avions déjà vu début de semaine lors de notre excursion sur le Tonle Sap. La rivière n'étant pas très large, nous naviguons près des maisons, ce qui permet de s'imprégner de près du mode de vie local... les photographes se font plaisir. On a un peu une impression de voyeurisme, mais les habitants vaquent tranquillement à leurs occupations, sans se soucier de nous, et si d'aventure ils lèvent la tête, leur attitude est souriante. Les enfants eux, nombreux et souvent tout nus pour les plus jeunes, tentent d'attirer notre attention et font gros sourires et signes de la main aux "barangs" de passage ... c'est ainsi qu'on appelle les étrangers ici.

 

Les maisons sont assez rudimentaires, en bois et feuilles de palmiers, même si quelques-unes ont un toit en tôle ... mais toutes ont une antenne de télé ! L'intérieur, très dénué, est ouvert sur la petite terrasse qui donne sur la rivière et qui est le lieu de vie : on cuisine, on nettoie les poissons, on fait la lessive, on se repose dans un hamac ...Tous les déplacements se font en pirogue : pour aller à l'école, où les enfants sont en uniforme, pour pêcher, pour commercer ...  

 

Peu à peu les maisons se font plus rares, on ne voit plus que le sommet des arbres de la forêt inondée qui émergent de l'eau : on arrive sur le Tonle Sap, le plus grand lac d'eau douce d'Asie, qu'on traverse à son extrémité nord, où il n'est large que de quelques kilomètres

Croisière entre Phnom Kraom et le Tonle Sap

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Le monde lacustre de la Sangkaé inférieure

Nous quittons le Tonle Sap pour remonter la rivière Sankaé qui va nous amener jusqu'à Battambang. Nous sommes ici dans la zone de forêt inondée qui entoure le Tonle Sap. En effet, sous l'effet de la renverse des eaux, une curiosité hydrologie, le niveau d'eau du lac varie de 1 mètre en période sèche à ... 14 mètres en période humide ! Et sa surface peut être multipliée par quatre ... Donc tout autour du Tonle Sap, il y a toute une zone qui peut être inondée, sa largeur variant de 7km à 40 km comme c'est le cas ici vers Battambang.

 

Dans cette partie de la rivière, l'activité est entièrement tournée vers la pêche. Le mode de vie est lacustre, les villages sont flottants et on ne voit pas de maisons sur pilotis, sauf les pagodes. Ces villages sont bien adaptés à la spécificité des lieux, car ils peuvent se déplacer en fonction du niveau d'eau. L'habitat est composé de maisons posées sur des radeaux de bambou, construites en feuilles de palmes pour les plus pauvres, en bois et tôle sinon. On voit aussi ici ou là des bateaux-maison. 

 

Ainsi par exemple Prek Toal, où nous avons tout loisir pour observer la vie au quotidien.  Le village est organisé : il dispose d'une école, d'un poste de police, de magasins généraux vendant matériels, ustensiles, boissons, épicerie, essence ... Pour les produits frais, fruits et légumes, ou même des plats cuisinés, des femmes  sillonnent la rivière en pirogue de maison en maison. Dans les maisons ouvertes sur la rivière, on voit le femmes préparer le poisson pêché par leurs hommes : nettoyage, séchage, fermentation ...Prek Toal est aussi un sanctuaire pour les grands oiseaux d'eau menacés comme les marabouts, tantales, pélicans, ibis ... 

Le village Prek Toal sur la Sangkaé

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La pagode au bois noir

En cours de route, nous faisons un petit arrêt pour visiter Wat Chheu Khmao, du nom de l'arbre d'où vient le bois utilisé pour construire cette pagode au bois noir. Notre embarcation se fraye difficilement un passage dans les jacinthes d'eau, on a l'impression d'avoir quitté la rivière ... On débarque, ça fait du bien de se dégourdir les pattes. La pagode se voit de loin, c'est pourquoi les khmers rouges en avaient fait un poste d'observation. Si le vihan, l'édifice principal, est de style bouddhiste classique, il est flaqué d'un bâtiment en bois à trois étages peint en bleu, surmonté d'une sorte de tour à la toiture biscornue. Son architecture ne ressemble pas trop à ce qu'on a vu jusqu'à présent. Un troisième bâtiment sert de lieu de vie pour les moines. 

 

En repartant, notre bateau s'est un peu emberlificoté l'hélice dans les jacinthes d'eau, et notre pilote va passer un peu de temps à la dégager, obligé au passage de couper aussi quelques fils de pêche et autres morceaux de filets. 

La pagode au bois noir

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Sur la Sangkaé supérieure

Nous poursuivons notre navigation sur la Sangkaé. Notre capitaine fait un bref arrêt près d'un groupe de maisons flottantes, pour embarquer une jeune femme enceinte, qui part pour accoucher à Battambang. Pourvu qu'elle ne perde pas les eaux en cours de route, la rivière n'a pas besoin de ça !

 

On aperçoit de plus en plus de grands supports en bambou pour la pêche au carrelet. Des pirogues pleines de nasses aussi. Et des filets à flotteurs, de simples bouteilles en plastique. A partir du village de Bak Prear, les maisons sur pilotis commencent à se mêler aux maisons flottantes : on est sur la Sangkaé moyenne, une zone de transition entre terre et eau, où la culture maraîchère et la riziculture viennent compléter la pêche. On trouve ici des nomades vivant selon les saisons dans des abris temporaires sur les berges. 

 

On aperçoit sur la rive une mosquée pour les chams, minorité musulmanne bien intégrée à la population majoritairement khmère, contrairement aux vietnamiens, qui vivent le plus souvent dans des bateaux-maison.

 

A un moment, la rivière se fait étroite, on avance dans un chenal bordé de végétation, où croiser une pirogue demande un peu d'adresse aux pilotes ...

La pêche sur le Tonle Sap

 

Le lac, et par extension les zones inondables, sont une immense réserve poissonneuse, où sont prélevés 300 000 tonnes par an. Le poisson est une base essentielle de la nourriture des cambodgiens et autour du lac, tous les habitants vivent de la pêche, souvent à l'échelle familiale.

 

Les modes de pêche sont assez variés, on pratique la pêche à la senne ou au carrelet, mais aussi avec des équipements plus légers comme l'épervier, la nasse en bambou, les filets avec flotteurs, les lignes ferrées ... voire la pêche à l'électricité, qui est interdite. On fait aussi de la pisciculture dans de grandes cages flottantes. L'élevage de crocodiles se développe aussi, bien aidé par le grand nombre de serpents aquatiques qui leur sert de nourriture (et pas qu'aux crocodiles d'ailleurs ...) : on en prélève cinq millions par an !

 

Quand on parle de pêche, il faut aussi évoquer l'activité de transformation. On mange bien entendu du poisson frais, mais vu les chaleurs, les habitants du lac pratiquent aussi le séchage au soleil, le fumage et la fermentation, pour faire le prabok, la célèbre pâte de poisson fermentée.

 

Plus on avance vers Battambang, plus les scènes vues depuis la rivière se font agricoles : on distingue la terre ferme sur les berges, on aperçoit des rizières, des palmiers sucriers, des parcelles cultivées, du bétail ... Les maisons sont maintenant toutes sur pilotis, comme au village de Prek Trap. Des petits bacs rudimentaires font traverser les habitants, leur mobylette.

Sur la Sangkaé inferieure

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Voilà, nous arrivons à Battambang, où notre bus (avec nos bagages) nous attend à l'embarcadère. Une superbe croisière en définitive, d'un confort assez relatif, mais qui offre une très bonne immersion dans cette région du Tonlé Sap et son écosystème si particulier. C'est très intéressant de voir le quotidien de ces villageois qui ont su adapter leur mode de vie aux contraintes de la variation saisonnière de leur environnement. Ils ne sont certes pas très riches, mais regardent passer les touristes "voyeurs" que nous sommes sans animosité, avec le sourire même, notamment les enfants.  

 

Nous rejoignons notre hôtel, le Battambang Resort, petit, familial et charmant malgré son nom ronflant. Situé en peu en dehors de la ville, ses chambres donnent sur un beau jardin agrémenté d'une piscine ... on sent qu'on va s'y plaire. Le dîner se fera en terrasse, autour de la piscine ... sympa !

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