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Cambodge - linteau sculpté à Banteay Srei

Laos et Cambodge

(novembre - décembre 2017)
Cambodge - Banteay Samre
Siem Reap jour 3

Ce matin, nous partons à la campagne visiter les temples de Banteay Samre et de Banteay Srei. Moins majestueux qu'Angkor Vat, ils ont cependant beaucoup de charme.

 

Ils sont surtout remarquables par leurs extraor-dinaires sculptures sur les linteaux et frontons, ciselées comme des oeuvres d'art. Banteay Srei offre la particularité d'être en grès rose ce qui lui donne une belle couleur chaude, qui change du gris des autres temples.

 

On ne pourra pas hélas faire la sortie en ballon captif au-dessus d'Angkor Vat ... Le soir, au dîner, nous profitons d'un joli spectacle de danses cambodgiennes, classiques apsaras et folkloriques traditionnelles.   

 

Banteay Samre

La journée commence par une déception : Seyha nous annonce que notre survol d'Angkor Vat en ballon captif ne sera pas possible ce matin comme prévu, il à priori il y a trop de vent. Ah bon ? ici à Siem Reap, pas l'ombre d'un souffle ... Dommage, car la vue d'ensemble du site à 200 mètres du sol doit être géniale. Bon, Seyha promet de voir pour y aller cet après-midi, voire demain.

 

Nous quittons Siem Reap à travers de jolis paysages de rizières, direction nord-est pour aller visiter le site de Banteay Samre. 

Banteay Samre

Banteay Samre, situé sur le bord est du Baray oriental aujourd'hui asséché, est un peu à l'écart des autres temples du site d'Angkor. On peut donc penser qu'il y a moins de visiteurs. Nous sommes cependant accueillis à la descente du bus puis sur le chemin menant au temple par une nuée de "one dollar", ces enfants des deux sexes qui tentent de vendre des babioles, qu'ils ont parfois fabriquées eux-même. Tout à un dollar, d'où le surnom dont je les ai gratifié. Mais bon, ils sont souriants, gentils et n'insistent pas trop ... des femmes aussi essayent de vendre des articles en textile.

 

Contrairement aux autres temples que nous avons visités, Banteay Samre n'est pas un temple royal : il a probablement été construit par un haut fonctionnaire, sous le règne de Suryavarman II puis Yasovarman II. Son nom vient d'une ethnie montagnarde, les Samres. Dédié à Vishnou, il présente aussi la particularité d'être fortifié, avec deux hauts murs d'enceinte successifs en latérite orangée de plus de 5 mètres de haut. Un long chemin pavé de latérite, bordé de vestiges de nagas, mène aux édifices du temple, gardé par des lions au fessier arrogant. 

 

Après avoir passé une des quatre portes d'entrée, ou gopura,  du second mur d'enceinte, on arrive sur une esplanade où se trouve le temple proprement dit. Elle est entourée par une galerie carrée avec quatre portes où filtre la lumière à travers des fenêtres à balustres ouvragées. Elle comporte deux bibliothèques et bien entendu le sanctuaire, dont la tour centrale est précédée d'une anti-chambre appelée mandapa. En déambulant sur le site, on ne cesse de monter et descendre quelques marches.

 

Banteay Samre est remarquable par les sculptures d'une incroyable finesse qui ornent frontons et linteaux. Très bien conservées, elles présentent des scènes de la mythologie hindoue : Vishnou sur son garuda, l'épopée du Ramayana ... Mais curieusement, on ne voit pas d'apsaras. Un joli petit temple, un peu intimiste par sa forme compacte et égayé par quelques touches de végétation.  

Banteay Samre

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Banteay Srei

Un peu plus loin que Banteay Samre, on continue vers Banteay Srei niché dans la forêt. Appelé aussi "citadelle des femmes" sans doute à cause des nombreuses représentations de devatas, la forme terrestre des nymphes célestes apsaras, Banteay Srei a été construit en 967, non par un roi, mais par un brahmane précepteur de Rajendravaman puis de Jayavarman V. Le temple est un quadrilatère contenu dans trois enceintes successives. Après une longue allée, on entre par un gopura dont le fronton donne un premier aperçu de ce qui fait l'intérêt de Banteay Srei : ses sculptures d'une richesse et d'un niveau de détail extraordinaires ! Par exemple sur le fronton de cette première porte, on voit Indra chevauchant un éléphant tricépale, le tout entouré d'un luxe de fioritures.

 

Passé la porte, on longe des douves remplies de nénuphars avant d'arriver à l'enceinte suivante qui donne accès à une cour où se dresse la dernière enceinte. A l'intérieur de celle-ci, la sanctuaire central, dédié à Shiva, est composé de trois tours, les prasat, alignées sur une terrasse surélevée. On y trouve aussi des bibliothèques et des sanctuaires annexes. En haut des escaliers des édifices, des dieux-singes, les Hanumam, montent la garde, ainsi que des personnages à corps humain et tête fantastique.

 

Et partout, sur les linteaux, frontons et niches des bâtiments, on admire de magnifiques gravures ciselées avec art, on dirait de la dentelle : divinités hindoues, scènes de Ramayana, apsaras ... Ce qui est étonnant aussi est la qualité de la conservation de ces éléments. Une autre particularité de Banteay Srei est l'utilisation d'un grès rose, qui donne une belle et chaude couleur orangée aux édifices ... ça change du gris et doit être magnifique au coucher (ou lever) de soleil lorsque ses rayons creusent les sculptures et donnent une couleur dorée à l'ensemble. 

 

Banteay Srei est aussi connu parce que c'est ici que André Malraux, futur écrivain et ministre, s'est fait gauler entrer de voler les sculptures pour les revendre dans l'espoir de se faire un peu d'argent. Après avoir été emprisonné à Phnom Penh, il a raconté ses "aventures" dans son roman La Voie Royale. Les pièces dérobées ont été restituées pour la restauration à l'issue de cet épisode peu glorieux ...

 

Bien que le temple soit un peu à l'écart, j'ai trouvé qu'il avait pas mal de visiteurs à Banteay Srei ... mais peut-être donnaients-ils l'impression d'être nombreux car le site n'est pas très grand ? Et là aussi, pas mal de "one dollar" pour vendre leurs bricoles !

Banteay Srei

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L'histoire d'Angkor

 

Angkor est un site archéologique connu pour ses temples datant de l’empire Khmer dont elle fut la capitale du 9ème au 15ème siècle. L'empire khmer a été fondé au début du 9ème par Jayavarman II. Mais c’est Indravarman I, qui a construit, grâce à la proximité avec le lac Tonle Sap, tout un système hydraulique composé de barays, des réserves d’eau, et de canaux. Cette maîtrise de l'eau a permis de développement des cités dans la région et donné ainsi son essor à l'empire.

 

Indravarman I a aussi construit le Bakong, le premier temple-montagne qui figure la symbolique du mont Meru, axe du monde dans la mythologie indoue. C’était à Roluos lors de la période pré-angkorienne. C’est Yasovarman qui va déplacer la capitale à Angkor, où les rois khmers vont construire à tour de rôle nombre de cités et de temples. Un des plus importants bâtisseurs fut sans doute Jayavarman VII, avec Angkor Thom ou Ta Prohm. Angkor Vat, le plus emblématique est l’œuvre de Suryavarman II.

 

Après avoir débuté sous une ère hindouiste, Angkor a basculé dans le bouddhisme sous Jayavarman VII, puis retour à l’hindouisme, avant de s’orienter vers le bouddhisme branche  theravada …  ce qui explique l’enchevêtrement entre les représentations ces deux religions dans les temples.

 

L’empire khmèr déclina rapidement au 15ème siècle et Angkor futest abandonnée en tant que capitale. L’explication la plus souvent avancée est qu’à force de guerroyer avec les chams et autres voisins tels les siams, les khmer ont négligé ce qui faisait leur force, le système hydraulique qui aurait été mis à mal par des événements climatiques exceptionnels : ils ont perdu le contrôle de l’eau.

 

Le site d’Angkor est classé à l’Unesco et le Cambodge favorise le tourisme. Mais nous n’en connaissons aujourd’hui que les quelques temples qui ont été redécouverts dans la jungle au 19ème siècle par l'explorateur français Henri Mouhot avant d’être restaurés au 20ème siècle. Il existe très certainement encore beaucoup d’autres ruines enfouies dans la végétation …

La vie rurale autour de Siem Reap

La sortie vers les deux temples de la journée a permis de sillonner un peu la campagne autour de Siem Reap et mieux s'approprier le mode de vie local. Les terres sont essentiellement dédiées aux rizières où on voit souvent une dizaine de paysans et leur famille occupés à la culture. Les maisons, construites en bois, sont pratiquement toutes sur pilotis, la mousson devant probablement recouvrir les terres lors de la saison des pluies.  Dans les villages, les commerces s'alignent le long des rues, où les femmes portant le krama, le foulard cambodgien, vendent fruits, légumes, poissons ... souvent à même le sol. Un peu partout des cuisines de rues offrent la possibilité de prendre un repas sur des chaises en plastique rouge ou bleu, à peu près à toute heure de la journée. 

 

On s'est arrêté dans un petit village pour voir la fabrication de sucre de palme, très utilisé dans la gastronomie cambodgienne, notamment pour les plats sucrés-salés. Et ça nécessite un peu de boulot ! Le sucre provient d'une variété de palmiers courante ici, le palmier de Palmyre. Chaque matin, les paysans grimpent au sommet des palmiers pour y sectionner et entailler les bourgeons des fleurs femelles. De ces coupes coule la sève, un nectar sucré, qu'on fait couler dans un bambou fixé sur le palmier. Le jour même, on filtre la sève ainsi recueillie puis on la fait cuire pendant plusieurs heures. L'évaporation du liquide donne un sirop, qu'on fait encore chauffer dans une poêle en touillant avec un bâton pour le cristalliser. Le sirop visqueux est alors versé dans de petits moules en bambou où on laisse sécher avant d'emballer ces pains de sucre dans des feuilles de palmier.

Dans la campagne autour de Siem Reap

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Danses cambodgiennes

Après un déjeuner tardif dans un bucolique resto à la campagne, Seyha retente le coup pour le tour en ballon captif, sans succès. Demain peut-être ? Nous regagnons Siem Reap et notre hôtel où on passe une bonne partie de l'après-midi, cool autour de la piscine. Où nos amis chinois se font une fois de plus remarquer, car non seulement ils se baignent souvent habillés de peur de bronzer, mais une "dame" qui crachait régulièrement dans l'eau nous a un peu écoeuré ...  Si les jeunes chinois, vingt-trente ans, semblent plus civilisés, la classe d'âge des cinquante-soixante ans donne l'impression de paysans mal dégrossis, nouveaux-riches sortis de leur cambrousse en emmenant leurs détestables habitudes.   

 

Ce soir, nous allons dîner au Por Cuisine, où notre repas sera agrémenté d'un spetacle de danses cambodgiennes. En voyant le grand nombre de longues tables installées perpendiculairement à la scène, on se dit que ça va être l'usine à touristes ... Bon, finalement ce n'était pas trop bruyant, les gens respectaient les artistes et le repas était correct (jolie présentation en tous cas).

 

La danse d'Apsara marque la tradition cambodgienne depuis des siècles, et tient encore aujourd'hui une place importante chez les khmers, même si elle a failli disparaître sous le régime des khmers rouges. Une Apsara est une créature céleste de la mythologie hindouiste, d'une beauté surnaturelle et douée pour la danse. Le spectacle nous propose des danses classiques, où des apsaras, seules ou en groupe, racontent une histoire par des mouvements corporels lents, gracieux et sensuels, notamment des mains dont les doigs se recourbent à l'extrême.

 

Nous verrons aussi des danses folkloriques traditionnelles, où plusieurs danseurs et danseuses, à travers des mouvements plus rythmés, montrent des scenettes sur les croyances et la vie des animaux, ou encore les relations humaines, le monde du travail et les fêtes. Les artistes, qui dansent pieds nus, portent de jolis costumes ouvragés et chatoyants. Ils sont accompagnés par des musiciens : percussions, flûtes, instruments pincés ... Un spectacle très plaisant en définitive. Quelle grâce, ces apsaras ! 

Spectacle de danses cambodgiennes

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