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Bunker soviétique de Ligatne

Pays Baltes

​( septembre 2022)
Château de Turaida
Drapeau Lettonie.png
Parc national de la Gauja

 

Notre journée se passe dans la vallée de la Gauja, qui est aussi un parc national. Après la visite de la reconstitution d'un site préhistorique à Araisi, nous allons découvrir à Ligatne un lieu insolite ... sous terre : un bunker de l'époque de la guerre froide, devant servir de refuge à l'élite russe en cas d'attaque nucléaire ... impressionnant de la paranoïa  qui règnait alors.

 

Puis nous poursuivons jusqu'à Sigulda, la station de sports d'hiver du pays (si, si !) où nous vsitons le château médiéval de Turaida, au style gothique baltique avec ses briques rouges et ses galeries en bois. Avec un joli coup d'oeil sur les méandres de la Gauja...

Le château médiéval de Turaida

Site archéologique de Araisi 

Grand soleil, mais le temps est toujours aussi frais. Nous passerons la majeure partie de la journée dans le Parc National de la Gauja. C'est le plus grand et aussi le plus ancien de la Lettonie. Il s'étend de part et d'autre de la rivière Gauja, entre Cesis et Riga. Les paysages sont un peu plus vallonnés que ce qu'on a vu jusqu'à présent, et le parc fait la part belle à la nature. On y trouve bien sûr nombre de sites historiques, mais le parc attire aussi randonneurs, cyclistes et même skieurs en hiver malgré la faible altitude.

Après quelques kilomètres dans la nature verdoyante, avec davantage de prairies et de bocages et moins de forêts, nous faisons un premier arrêt pas trop loin de Cesis, à Araisi.  Le point d'intérêt est un parc archéologique. Dans un premier temps, nous visitons dans le bois une reconstruction d'habitats de l'âge de pierre et de bronze, depuis la simple hutte de branchages jusqu'à des maisons en bois, avec des techniques d'assemblage de plus en plus élaborées. Puis nous découvrons le point d'attraction du site, tout un village de maisons en rondins de bois. Cette sorte de forteresse lacustre est construite sur une île posée sur un lac, sur un sol lui même en rondins de bois. Janis Lapals, l'archéologue à l'origine de cette reconstruction  d'un lieu de vie du 9ème et 10 ème siècle a pu trouver lors de ses fouilles suffisament d'éléments probants pour une reproduction fidèle.

Le parc archéologique de Araisi

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Ligatne - le bunker soviétique

Nous voici rendus à Ligatne, pour une visite insolite : un bunker datant de l'époque soviétique. L'arrivée sur les lieux ne laisse pas supposer l'existence de cet édifice : nous entrons dans une sorte de centre de cure. Dans le vaste hall d'entrée, nous sommes accueillis par celui qui sera notre guide local, un jeune mexicain, qui accessoirement travaille comme soignant dans le centre. Il commence par nous dire que le bunker se visite mais qu'il faut éviter les photos, ce qu'il énonce avec force clins d'oeil ...

 

Le bunker de 2.000 m2, construit lors de la guerre froide, se situe à 9 mètres sous terre, et avait vocation à servir de refuge aux élites communistes en cas d'attaque nucléaire des américains. Ou peut-être aussi en prévention à la riposte si d'aventure l'attaque venait des russes ?  Il était donc parfaitement équipé pour manger, dormir ... bref permettre à 250 personnes de survivre plusieurs mois. Mais il devait servir aussi pour continuer à diriger le pays, comme en témoigent les nombreux appareillages de télécommunication, de haute technologie à l'époque. Une salle des cartes, étrangement laissée en l'état, permet de voir les raisonnements stratégiques de soviétiques pour gérer les replis en cas d'attaque. Le bunker était bien sûr doté d'une centrale électrique, d'un dispositif de purification de l'air, d'adduction et d'assainissement de l'eau ... Planifé dès 1968, il n'a été opérationnel qu'en 1982. Le bunker a été ouvert au public en 2003, lorsque la Lettonie s'activait pour entrer dans l'Otan. Il existe bien sûr d'autres bunkers de ce type ... dont on parle moins.

 

Le bunker recèle une mine d'objets d'époque, laissés dans leur jus et qui donnent un bonne idée de la manière de vivre des soviétiques à l'époque de la guerre froide. De nombreuses affiches de propagande rappellent les bons comportements à adopter. Pour finir la visite, nous nous rendons dans une salle (était-ce la cantine ?) où nous pouvons déguster du pain de seigle typiquement russe avec du beurre, accompagné d'un (petit) verre de vodka. Et après ... ça fait du bien de retrouver le soleil et l'air libre !  

Sigulda

Nous poursuivons notre route juqu'à Sigulda, surnommée la Suisse de Vezdeme. La ville se trouve au coeur du parc de la Gauja, c'est très vert et vallonné, même si l'altitude des "montagnes" demeure très modeste ... moins de 300 m. Malgré cela, c'est la capitale de sports d'hiver en Lettonie : on y trouve des pistes de ski alpin (petites ...), des installations de luge, bobsleigh et skeleton, sports dans lequels les Lettons ont une certaine réputation. Il y a même un petit téléphérique ! Nous faisons un court arrêt pour voir (de l'extérieur) les ruines du château médiéval de Sigulda.

Le château de Sigulda

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Sigulda - la château de Turaida

Mais le véritable but de l'arrêt à Sigulda est la château de Turaida. Nous y allons en bus, bien que nous aurions pu y aller à pied, la distance n'étant que de 5 km et ça nous aurait permis de randonner un peu dans cette "petite Suisse de Vidzeme" ...

Le château de Turaida a été bâti par l'archevêque de Riga au 13ème siècle, sur le site d'une forteresse en bois. Le château a vu ses dispositifs défensifs évoluer au fil de l'évolution des armes à feu. Au 17ème siècle il perd son rôle militaire et le déclin s'amorce.Au 18ème siècle, un incendie le dévaste, et il ne reste plus que quelques murs défensifs et des tours. Il a depuis fait l'objet d'études d'historiens et a commencé à être restauré en conservant les structures médiévales.

En déambulant sur le site, on peut se faire une bonne image du château tel qu'il était au moyen-âge, notamment en grimpant dans la tour principale qui donne une vue d'ensemble. C'est aussi l'occasion de s'émerveiller sur la belle vallée de la Gauja qui étire ses méandres dans un paysage très boisé et légèrement vallonné.

Le château en briques rouge de style gothique baltique se situe en fait dans un grand parc, où on trouve aussi une des plus anciennes églises en bois de Lettonie, datant de 1750. Non loin se trouve la tombe commémorative de la Rose de Turaida , Maija Greif (1601-1620). Cette jeune fille amoureuse du jardinier a failli être violée, lors d'un rendez-vous galant à la grotte de Gutmanis obtenu par ruse, par un autre homme qu'elle n'attendait pas. Elle invente alors un stratagème, prétendant que son foulard était magique et qu'elle le donnerait à l'assaillant s'il la laisse tranquille. Pour prouver que le foulard la protège, elle l'enroule autour de son cou et demande à son agresseur de lui trancher la tête ... ce qu'il fit ! Elle avait choisi de mourir sans subir le déshonneur...

Après la visite du château, nous découvrons dans le parc attenant les sculptures en granite figurant les dainas. Une daina est un chant traditionnel letton sous forme de quatrain. Dans un premier temps ils étaient uniquement chantés et transmis ainsi de génération en génération. Ce n'est que plus tard qu'ils ont été transcrits, d'abord par Johan Gottfried Herder, puis surtout par Krišjānis Barons, qui les a organisés en volumes par thématiques et rangés dans un cabinet de chants folkloriques, un meuble avec des tiroirs subdivisés en cases. Les sujets de ces dainas, plus de 200.000, sont très variés ... les guides n'oublient pas de mentionner le "volume 13" où sont regroupées les dainas au contenu un peu licencieux. Dans le parc aux sculptures, on en voit deux avec des couples enlacés, voire imbriqués dans des positions où il faut regarder de près pour comprendre comment ça s'articule ! 

Le château de Wenden

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Nous repartons pour rejoindre Riga, la capitale lettone. 

La Lettonie et son histoire

AU 12ème siècle arrivent des missionnaires, les Chevaliers Porte-Glaive créés par l'évêque Albert, pour convertir au christianisme les Lives, les ancêtres de lettons. Rapidements ils doivent fusionner avec l'Ordre Teutonique, qui font de Riga une ville-état et font venir des allemands qui formeront l'oligarchie terrienne et économique, les Lives étant rélégués au bas de l'échelle. Par crainte des Tatars, ils s'allient avec la Pologne-Lituanie, catholique, puis lorgnent du côté de la Suède, protestante. Au début du 18ème, la Grande Guerre du Nord entre la Suède et la Russie laissera des traces profondes en Lettonie.

 

La Livonie et la Courlande font désormains partie de l'empire russe, mais les nobles baltes allemands gardent la main-mise sur le pays, les lettons de la campagne sont réellement dans des conditions de servage.  Vers la fin du 19ème siècle cependant la révolte gronde et une conscience nationale s'éveille. En en 1905 commence la révolution balte, en même temps que la révolution russe. En mars 1918, la Russie cède les pays baltes à l'Allemagne ... mais celle-ci perd la guerre et la Lettonie en profite pour déclarer son indépendance en 1919, aidée par l'Estonie pour bouter les bolchéviques hors du pays.

 

La Lettonie est exsangue et des réformes sont indispensables, dont la réforme agraire qui redistribue les terres des nobles allemands, et l'économie décolle. Mais en 1940, comme le prévoyait une clausse secrète du pacte germano-soviétique, les trois pays baltes sont envahis puis annexés par la Russie soviétique. Une histoire qui bégaie avec l'Ukraine aujourd'hui. L'armée rouge va massivement déporter les populations. D'autres fuient à l'ouest, avant de se retouver enrôlés de force dans les usines allemandes. Puis c'est l'Allemagne qui envahit la Lettonie, et c'est au tour des juifs d'être pris pour cible.

 

Après la guerre, les pays baltes sont des républiques soviétiques. L'URSS poursuit les déportations et amène  nombre de russes pour russifier le pays. Les lettons font toujours acte de résistance, mais ils ne sont plus majoritaires dans leur pays. Lors de l'implosion de l'URSS en 1991, le Lettonie redevient indépendante et se place sur la trajectoire de l'adhésion en 2004 à l'Union européenne et à l'OTAN. Aujourd'hui, les lettons suivent avec breaucoup d'attention, de crainte aussi, ce qui se passe en Ukaine...

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