Aujourd'hui, notre but est de monter au Stilfser Joch (ou Stelvio en italien) par le Goldseeweg. Nous nous rendons en voiture à Trafoi, où nous prenons le télésiège qui nous monte jusqu'à la Furkelhütte à 2.153 mètres.

De là, nous empruntons le sentier 20,  un très beau sentier panoramique qui nous offre une vue magnifique. Vers l'arrière, la vallée de Trafoi, où la vue s'étend jusqu'aux massif de l'Oetztal. A droite, les Piz Sieva et Piz Minschuns, juste sous les 3.000 mètres.  A gauche, au-delà de la vallée de Trafoi, le majestueux sommet enneigé de l'Ortler avec ses 3.905 mètres. Et devant s'étalent plusieurs glaciers dont la neige étincelle au soleil : Nasenhorn Ferner, Trafoier Ferner, Madatsch Ferner, Eben Ferner ... on pratique d'ailleurs le ski d'été au Stelvio.

En revanche, le Goldsee (lac d'or ...) dont le sentier porte le nom se réduit à une minuscule flaque d'eau dans les rochers. Le sentier longe de plus en plus près la frontière entre la Suisse et l'Italie. Plus on approche du Stelvio, plus on a une vue imprenable sur les lacets de la fameuse route du col, très fréquentée. Des voitures, des vélos, des motards qui s'en donnent à coeur joie et dont le bruit des bécanes roule dans la vallée ... Nous avons même vu monter une monoplace (une espèce de formule 1, quoi) !

Nous arrivons à proximité du col, où on trouve pas mal de vestiges des affrontements de la première guerre mondiale : fortin, casemate ... A cette époque, le col marque la frontière entre l'Empire Austro-hongrois et le Royaume d'Italie. La région est le théâtre de batailles entre ces deux pays. Le col est dominé par le Piz de las Trais Linguas, la frontière linguistique entre trois langues : l'italien (Valtellina), l'allemand (Vinschgau) et le romanche (val Müstair, dans le canton des Grisons). Les Suisses y possèdent un avant-poste et un hôtel, qui est détruit.  On se bat dans la neige et la glace, on tire même du côté suisse avant qu'un accord tripartite soit signé afin d'éviter que ces échanges de tirs soient livrés en territoire suisse et conserver ainsi sa neutalité. Après 1919, avec l'extension vers le nord de la frontière italienne, le col perd son importance stratégique.

Au col lui-même, à 2.758 mètres, soit le deuxième plus haut d'Europe après l'Iseran, grosse activité touristique : des bus, des voitures, des motos, des vélos ... tout le monde se photographie, boit une bière en terrasse, déguste une saucisse grillée ...

Nous attendons notre bus qui va nous ramener à Trafoi. Un bus un peu particulier, avec un empattement très court, d'énormes porte-à-faux à l'avant et à l'arrière, et un rayon de braquage très court. Cela pour lui permettre de bien négocier les innombrables épingles ... où on a vraiment l'impression que l'avant est suspendu au-dessus du vide. La maniabilité de ce bus est impressionnante. Avant l'épingle, un grand coup de klaxon, et celui qui vient en face a intérêt à se ranger. Et s'il n'a pas bien compris ... il finit par reculer !