Notre but du jour : Roscanvel, la corne nord de la presqu'île de Crozon, avec à son extrémité la Pointe des Espagnols. Nous stationnons du côté de la Cale de Quélern. Le GR34 pour une fois ne longe pas la côte, mais part vers l'intérieur des terres pour traverser de jolis hameaux aux noms bien bretons : Kervian, Kerincuff, Lanvernazal ... De belles maisons, très fleuries et qui sont plutôt habitées par des locaux que transformées en gîtes saisonniers. Nous arrivons à Roscanvel, où nous prenons le temps de visiter l'église St Eloi.  

 

Notre chemin repart, toujours par l'intérieur des terres. Il passe devant un moulin, en cours de réhabilitation. Quelques mois après être rentrés, nous l'avons retrouvé sur un site de locations saisonnières ... Plus loin, on passe devant un des nombreux lavoirs du coin, dans ambiance paisible et bucolique où chuchote le glou-glou d'un filet d'eau.

 

Nous voilà arrivés à la Pointe des Espagnols, d'où on a une vue imprenable sur le goulet de Brest et derrière, la ville de Brest. La presqu'île de Roscanvel recèle nombre de sites militaires, contruits entre le 17ème et le 20ème siècle ... Au fait, pourquoi la Pointe des Espagnols ? en 1594, les espagnols, alliés des français catholiques, veulent s'installer sur cette pointe en face de Brest, dans l'idée de guerroyer avec les anglais, alliés eux des français protestants. A 400 contre près de 5000, les espagnols, malgré leur vaillante résistance, n'ont pas fait le poids et ont été défaits ... mais le nom est resté !

 

Stratégique, la pointe est dotée d'un ensemble défensif, basé sur les batteries datant de l'époque Vauban, d'un fortin bâti sous Napoléon III, de casemates datant de la 3ème république, de batteries anti-aériennes allemandes ... On retrouve cet agrégat de différentes époques un peu partout sur la presqu'île. 

 

Nous poursuivons notre route sur le GR34 qui désormais longe la côte, ça devient plus animé que la première partie. Les vestiges d'édifices de défense se succèdent : Fort du Stiff, Fort Robert, Fort de Cornouaille ... Nous prenons le temps de visiter ce dernier situé en face du Fort Mengant, de l'autre côté du goulet de Brest. Les navires étaient exposés au feu croisé ... Après être descendu un petit sentier, on se trouve au coeur de cet ouvrage en forme de demi-cercle avec une trentaine d'embrasures pour les bouches des canons. On est presque au ras des flots, c'est assez impressionnant ! C'était d'ailleurs une des évolutions de la fin du 19ème siècle, où de gros canons enterrés devaient pouvoir toucher les cuirassés juste au niveau de la ligne de flottaison.

 

Le fort suivant se trouve à la Pointe des Capucins, plus précisément sur l'îlot des Capucins. Il devait défendre le goulet de Brest et la baie de Camaret. L'édifice s'intègre bien à la masse rocheuse de l'îlot. Même si les toits sont effondrés, les casernements sont encore assez bien conservés, de même que le pont reliant l'îlot à la terre ferme. L'endroit est assez spectaculaire, et on peut pénétrer dans les entrailles du fort (nous ne l'avons pas fait, la journée étant déjà bien avancée).

 

Nous voilà devant l'ancien fort de la Fraternité, construit au 17ème siècle, modifié au 19ème et complété lors de la dernière guerre par une casemate sur l'îlot du Diable. Le mur défensif percé de créneaux de fusillade est encore bien visible. Sur le site se trouvent aussi les vestiges d'un four à chaux. 

 

Nous continuons le GR34 jusqu'au réduit de Quélern, un fort carré bâti selon des plans de Vauban. Il appartient toujours au Ministère de la Défense ... approche et photos interdites ! Nous sommes dans la partie la plus mince de la presqu'île, que nous traversons pour arriver à Quélern puis à notre point de départ, après un dernier regard sur les îles des Morts et de Tréberon, ainsi que sur l'Île Longue.  Une randonnée intéressante surtout pour la côte ouest, déchiquetée à souhait et truffée de vestiges d'ouvrages défensifs ... l'autre moitié offrant moins d'intérêt.