Quelques mots aussi sur Tafraoute, un gros bourg d'environ 5.000 âmes qui est un peu la centre d'attraction de cette partie de l'Anti-Atlas. On y trouve donc nombre de services et commerces pour les habitants de la ville et des villages environnants. Il y a bien entendu un souk, et dans le souk une spécificité : le marché aux babouches. Tafraoute se veut un peu la capitale de ces chaussures que portent tous les berbères. Dans les échoppes, les cordonniers les fabriquent devant vous à longueur de journée. J'ai voulu en acheter pour Liam, notre petit-fils, pour le fun (il n'avait que huit mois ...). J'ai choisi un mignon modèle, le plus petit qui existe, dans une belle couleur rouge avec des broderies. Lorsque j'ai dit à l'artisan que Liam était un petit garçon, il a failli me les arracher des mains pour les remplacer par des jaunes, la couleur des hommes ! Il ne comprenait pas qu'on veuille mettre à un garçon des babouches de fille. Il a fini par me les laisser, mais avec un oeil réprobateur ... on ne plaisante pas avec la différence entre hommes et femmes ici !

Les touristes ne sont pas légion et les rabatteurs en maraude les sollicitent sans arrêt, mais gentiment : "viens mon ami, viens voir la boutique de mon frère ... très belles choses, des tapis, c'est pas cher !". On cède de temps en temps pour entrer dans de véritables cavernes d'Ali Baba. Effectivement les tapis sont beaux et même pas trop chers vu le boulot que ça fait ... mais bon, je n'ai pas l'usage d'un tapis, hein ?

Le lendemain, en rentrant des rochers peints, on déambule dans Tafraoute en parlant d'aller manger. Et ça ne rate pas : un berbère nous propose spontannément de nous accompagner au "meilleur restaurant de tajine de Tafroute, mon ami". Allez, suivons-le ... Il nous fait traverser la moitié de la ville pour nous emmener au dit resto ... juste en face du grand bazar où Martine a acheté un tapis hier soir. Le marchand de tapis nous a vite retapissé (oui, elle est facile ...) et vient au resto discuter et s'occuper de l'organisation de notre repas. A croire qu'il est aussi propriétaire des lieux ! Il nous raconte qu'il n'a jamais appris à lire ni écrire dans son bled, mais qu'il sait très bien compter, et que c'est bien ça l'essentiel ... A voir sa bedaine, pas de doute qu'il vit bien !