Cette nuit il a beaucoup plu, et le ciel reste très menaçant lorsque nous traversons Arosa pour descendre vers le Untersee. Car le village est agrémenté de deux lacs : le Obersee ("lac du haut") et le Untersee ("lac du bas"). Nous longeons quelques instants la voie ferrée jusqu'à atteindre le Stausee, un lac de retenue. La montagne fume et les sommets ont du mal à déchirer les nuages. Nous commençons la montée en douceur à travers les alpages de la Furgga Alp. Ô miracle : en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, le ciel bleu se subsitue aux nuages, seules quelques écharpes de brouillard restent accrochées aux sapins. La pente s'accentue lorsque nous entrons dans la forêt du Tiejerwald. 

A la sortie de la forêt, nous tombons sur le Schanfigger Höhenweg, qui nous allons emprunter et qui chemine, quasiment plat, à travers les alpages d'un vert sombre. Car en effet, le ciel bleu a cédé la place à un plafond très gris et menaçant. Quelques gouttes commencent à tomber lorsque nous arrivons à Medergen. Ce hameau rassemble quelques jolies petites maisons en bois, chaleureuses avec leurs jardinières fleuries aux fenêtres. Un vrai havre de paix ... sans électricité ni eau courante.  Nous en profitons pour casser la croûte à l'auberge Alpenrose, un petit bistrot simple mais sympa. On a beau traîner, il pleut toujours lorsque nous repartons, et c'est sous une belle averse que nous poursuivons notre chemin à travers les alpages de la Chüpfer Alp.

Vers Seebjiboden, un troupeau de vaches broute paisiblement autour de deux minuscules points d'eau, l'oeil morne et insensibles à la pluie. Puis le sentier tourne vers la gauche et plonge vers le Sapün Tal à travers le Chüpfer Tälli. Le beau temps revient. Arrivés en bas, nous traversons le Sapüner Bach, que nous allons suivre en pente douce jusqu'à Langwies. En chemin, nous passons par s'Dörfli, un hameau d'une vingtaine de maisons en bois. Pour finir, nous arrivons à Langwies, où nous prenons le train qui grimpe de Coire (Chur) jusqu'à Arosa ... c'est le petit train que nous avons aperçu hier traverser un viaduc. Et nous sommes loin d'être seuls dans le wagon : il est rempli de randonneurs joyeux qui se racontent leur journée, avec cet accent suisse inimitable.